M. Sanchez, basta les sérénades !

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Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol lors de sa visite au Maroc. Photo archives / DR
Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol lors de sa visite au Maroc. Photo archives / DR

Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez multiplie les avances à l’adresse du Maroc. Mais Rabat s’impatiente! 

“Les relations entre le Maroc et l’Espagne sont un exemple à suivre par d’autres pays”, a déclaré (encore!) le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. Invité par Ana Rosa, une présentatrice-vedette qui officie sur la chaîne privée Telecinco, Sanchez a dit tout le bien qu’il pense du Royaume. 

Depuis qu’il a convoqué des élections anticipées, le président du gouvernement espagnol écume les plateaux télés. Fait pas si marquant que cela, le Maroc est toujours présent dans les pensées et les paroles du socialiste en chef. 

Durant ces apparitions télévisées, Sanchez consacre des passages entiers, avec des expressions minutieusement triées, voire aseptisées (gare au double sens), au royaume.   

A longueur d’interviews et de débats, il a tressé des lauriers kilométriques de cette “coopération exemplaire entre les deux royaumes”.  Au-delà de ces discours laudateurs, qui semblent être davantage dirigés à rassurer Rabat plutôt qu’à ses propres électeurs, qu’en est-il réellement de cette pseudo lune de miel maroco-espagnole ?   

Un an et quelques mois  après la signature de l’historique feuille de route du 7 avril 2022, qui a scellé ce nouveau pacte entre Rabat et Madrid, le bilan reste maigre, voire décevant et ce à tous les niveaux. Nul même, si l’on juge par la cruelle loi des actions.   

Hormis quelques rencontres économiques de “circonstance”, des accolades et des poignées de main chaleureuses, partagées en marge des séminaires et autre évènements protocolaires, pas de quoi bomber le torse!  Madrid peine à traduire sa bonne volonté et surtout son mielleux verbiage en des mesures sonnantes et trébuchantes. Et Rabat s’impatiente ! 

Même le registre économique n’échappe pas à cette morosité ambiante qui paralyse les relations entre Rabat et Madrid.  

“Les relations avec le Maroc sont très importantes et fondamentales, notamment dans les domaines du commerce et de l’économie puisque pratiquement tous les investissements de l’Espagne sur le continent africain sont concentrés au Maroc », ne cesse de répéter Sanchez. Certes le Maroc s’accapare le gros lot des investissements ibériques destinés au continent africain mais à y voir de plus près, ces sommes restent en deçà des aspirations du Royaume.   

Jugez-en: en 2021, les investissements espagnols sous nos cieux étaient de l’ordre de 31.000 millions d’euros. Or, au Mexique, ce chiffre dépasse les 70.000 millions d’euros contre 45.000 millions au Brésil. Partenariat stratégique avez-vous dit ?  

D’autant plus que ce partenariat tant loué et acclamé du côté des deux rives ne concerne que quelques PME espagnoles, à la recherche de nouveaux marchés pour écouler leurs marchandises, auprès d’une clientèle qui raffole du made in Spain.  

Pendant ce temps, les grands groupes, les seigneurs de l’Ibex 35, l’index boursier espagnol, se font toujours attendre. Drôle d’exemple à suivre M. le président !   

Il est vrai que les conditions politiques ne sont pas réunies en Espagne pour entreprendre un virage politique en faveur d’un véritable départ en mesure de faire oublier un lourd héritage historique et ouvrir les portes de l’avenir. Toutefois, Sanchez excelle dans l’art de tordre le cou au…statu quo. 

En Espagne, le Maroc était, est et restera toujours l’ennemi, peut-être pas à abattre mais à amadouer, auprès des milieux extrémistes des deux bords. Cette animosité envers le royaume, pour ne pas dire haine, témoigne de la difficulté de la société espagnole à se défaire de ses préjugés et (re) considérer son voisin du sud, ce “partenaire stratégique, fiable et de premier plan”, pour paraphraser les responsables espagnols quand il s’agit de flatter l’ego de Rabat. 

Mais comme disait Sénèque, “ce n’est pas point parce qu’il est difficile que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’il est difficile.   

Osez M. Sanchez ! 

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