Les pourparlers avec Moscou sont "très difficiles", a jugé vendredi le ministre ukrainien des Affaires…
Les Européens promettent un «soutien durable» à Kiev
Publié leLes ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont retrouvés lundi à Kiev pour une « réunion historique » visant à tracer les lignes d’un « soutien durable » à l’Ukraine, confrontée à l’invasion russe et qui ambitionne d’intégrer l’UE.
Face à une contre-offensive ukrainienne lente et les craintes d’une baisse du soutien occidental à l’Ukraine, il s’agit aussi de montrer à la Russie qu’elle « ne doit pas compter » sur la « lassitude » de l’Union européenne, a expliqué la ministre française Catherine Colonna.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a lui aussi estimé que « le plus grand espoir de (Vladimir) Poutine est précisément que l’Occident et le monde se lassent de se ranger au côté de l’Ukraine dans cette guerre« . « La Russie y consacre énormément de moyens« , a-t-il assuré.
Quelques heures plus tôt, le Kremlin s’était dit persuadé que la « lassitude » allait « s’accroître dans différents pays« .
Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a salué, sur le réseau social X, « cette réunion historique » – la première de tous les 27 pays membres en dehors de l’UE – en Ukraine, « pays candidat et futur membre« .
🇪🇺 🇺🇦Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont retrouvés à Kiev, une « réunion historique » visant à exprimer la « solidarité » avec ce pays confronté à l’invasion russe, a indiqué le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell #AFP pic.twitter.com/PxZ08GrDRb
— Agence France-Presse (@afpfr) October 2, 2023
Borrell a cependant précisé qu’il s’agissait d’une rencontre « informelle » qui « n’a pas pour but d’aboutir à des conclusions et à des décisions concrètes ».
S’exprimant devant les 24 ministres — ceux de la Pologne, de la Hongrie et de la Lettonie étant absents pour diverses raisons –, le président Volodymyr Zelensky a estimé que la victoire de l’Ukraine « dépend directement » de la coopération entre Kiev et ses alliés occidentaux.
« Je suis sûr que l’Ukraine et tout le monde libre sont capables de vaincre dans cet affrontement » avec la Russie, a-t-il lancé, demandant notamment aux Européens de nouvelles sanctions contre l’Iran, qui fournit des drones à Moscou, et d’autoriser le reversement d’actifs gelés russes pour financer la reconstruction.
« Protection hivernale »
En recevant ses homologues, Dmytro Kouleba a salué la tenue de la réunion à Kiev, soit « à l’intérieur des futures frontières de l’Union européenne« , selon lui.
L’Ukraine ambitionne depuis des années d’intégrer l’UE et s’est vu accorder en juin 2022 le statut de candidat à l’adhésion, mais pour passer à l’étape suivante, Kiev doit encore faire des progrès notamment dans la lutte anti-corruption.
La réunion de lundi à Kiev est un « geste diplomatique exceptionnel« , a souligné Colonna, qui a expliqué que l’UE veut témoigner de son « soutien résolu » et « durable » à l’Ukraine « jusqu’à ce qu’elle puisse l’emporter » face à Moscou.
Il s’agit de montrer « que l’Ukraine fait partie de la famille européenne » et de « donner aussi à la Russie le message qu’elle ne doit pas compter sur notre lassitude », a souligné Mme Colonna. « Nous serons là pour longtemps« , a-t-elle promis.
La ministre allemande, Annalena Baerbock, a elle demandé la mise en place d’un « plan de protection hivernal » pour permettre à l’Ukraine de faire face aux bombardements de ses infrastructures énergétiques, comme lors de l’année dernière.
Cette rencontre se tient au moment où des craintes émergent quant à la pérennité du soutien occidental à l’Ukraine, qui dépend des livraisons d’armes et de l’aide financière des Européens et des Etats-Unis.
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A Washington, un accord d’urgence conclu par le Sénat ce weekend pour éviter une paralysie de l’administration fédérale a laissé de côté du budget l’aide à l’Ukraine, qui devra faire l’objet d’un projet de loi distinct.
Le président américain Joe Biden a ensuite promis que les Etats-Unis « n’abandonneraient pas » l’Ukraine, et Kiev a annoncé « travailler » avec son principal soutien militaire et financier pour que cette situation « n’empêche pas le flot de l’aide ».
Si le Kremlin a estimé lundi que Washington « continuera à s’impliquer dans ce conflit« , il a dit s’attendre à ce que « la lassitude du soutien complètement absurde au régime de Kiev va s’accroître dans différents pays« .
En Europe, la Slovaquie a porté en tête des législatives samedi un parti populiste qui s’oppose à la poursuite de l’aide à l’Ukraine. Kiev a sobrement dit lundi « respecter le choix du peuple slovaque » et jugé qu’il était trop tôt pour prédire les conséquences.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères hongrois — dont le pays est resté le plus proche de Moscou dans l’UE — ainsi que ses confrères polonais et letton n’ont pas assisté à la réunion à Kiev, a indiqué à l’AFP un haut responsable du gouvernement ukrainien sous le couvert de l’anonymat. Les diplomates polonais et letton sont malades, a-t-il ajouté.
Autre source d’aide pour l’Ukraine, une mission du Fonds monétaire international (FMI), la première en trois ans, s’est rendue à Kiev pour discuter d’un programme de 15,6 milliards de dollars, a annoncé le Premier ministre Denys Chmygal.