Des dizaines de membres du mouvement de protestation « Hirak » ayant agité la région marocaine du Rif ont boycotté vendredi pour la première fois leur procès en appel à Casablanca, jugeant que les conditions pour un procès équitable n’étaient pas réunies.
Il s’agissait de la quatrième audience du procès en appel pour ces 42 personnes qui avaient été condamnées en juin, avec onze autres accusés, à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. Les prévenus avaient été arrêtés dans la province d’Al-Hoceïma (nord), épicentre du « Hirak » (« la mouvance »), entre mai et juin 2017 pour leur participation à des manifestations, puis transférés à Casablanca où ils sont depuis incarcérés.
Des dizaines d’autres personnes avaient également été arrêtées dans le cadre de ce mouvement mais ces 42 personnes sont considérées comme le noyau dur de la contestation. En leur absence vendredi, le président de la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a ouvert les débats sur le cas du journaliste Hamid el-Mahdaoui, condamné à trois ans de prison en première instance.
Le journaliste avait été reconnu coupable de « non dénonciation d’une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’Etat », après avoir reçu un appel d’un Marocain résidant aux Pays-Bas faisant état d’une livraison de l’étranger de « chars » destinés au Hirak. « Ce sont des histoires à dormir debout. Un journaliste (…) n’a pas à dénoncer » de telles histoires, a clamé son avocat Lahbib Hajji. Les prévenus qui ont refusé de comparaître réclament un procès « équitable et impartial » et « l’annulation des procès-verbaux dressés par la police judiciaire » après leur arrestation.
Des associations de défense des droits de l’Homme ont par le passé dénoncé des aveux extorqués par la violence pendant les gardes à vue, ce que les autorités ont toujours démenti. Les accusés du Hirak avaient déjà boycotté des audiences en première instance pour les mêmes raisons et leurs avocats avaient refusé de plaider au terme de leur procès.
En août, onze des 53 condamnés avaient été graciés par le roi Mohammed VI, avec 177 autres personnes liées au mouvement et condamnées par d’autres tribunaux. La protestation populaire du Hirak a été déclenchée par la mort, en octobre 2016, d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise, de l’espadon interdit à la pêche.