Leïla Slimani: «Je n’ai pas vendu mon âme aux Français»

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La romancière franco-marocaine Leïla Slimani a fait part de son sentiment de honte de ne pas pouvoir parler ni écrire en arabe et non pas de parler en français. Elle est également revenue sur sa mission auprès d’Emmanuel Macron. 

La lauréate du prix Goncourt 2016 pour « Chanson Douce », qui plus est la représentante personnelle du président français Emmanuel Macron pour la francophonie, a raconté, dans une interview, publiée samedi 30 juin 2023 dans le magazine new-yorkais The Cut, pourquoi elle a accepté cette mission.

L’auteure à succès a expliqué que sa décision, de « travailler » avec le président français émane de sa volonté de dire « à tous les jeunes du Maroc, du Sénégal, d’Haïti : vous n’avez pas à vous justifier. Vous pouvez parler français si vous voulez parler français. Je veux dire que plus on parle de langues, plus on est humain ».

Avant sa nomination comme représentante personnelle de l’Elysée pour la francophonie, Leïla Slimani avait déjà décliné, en 2017 une proposition du président français de devenir sa ministre de la Culture.

À l’époque, la romancière avait justifié son refus sur France 5 en ces termes : « C’est une histoire qui est sortie malgré moi. On a eu une discussion sur ces sujets-là, mais moi, je suis écrivain. J’ai envie d’être écrivain – ce qui veut dire être libre, faire la grasse matinée, ne pas faire de réunion et travailler tout seul. Ce qui est mon plus grand bonheur dans la vie. »

Dans cet entretien, elle dit avoir « appris l’arabe de l’âge de 6 ans à 18 ans », mais qu’elle ne « le parle pas et je ne l’écris pas ». Elle admet, par ailleurs, que c’est quelque chose dont elle a énormément « honte ». Pour celle qui parle aisément l’arabe dialectal marocain, la darija, il s’agit tout simplement d’un fait « tellement bizarre et impossible à expliquer ».

Lire aussi. «Chanson douce» de Leïla Slimani adapté en série HBO avec Nicole Kidman

Pour elle, il était important de dire qu’elle n’a pas honte de parler français : « je n’ai pas honte de vouloir être plus ouverte et de parler plus de langues », notamment, dit-elle, dans un contexte marqué par la montée de l’islamisme au Maroc et dans le monde arabe.

L’auteure du « Pays des autres » et « Regardez-nous danser », respectivement premier et deuxième tomes d’une trilogie familiale de 1940 à nous jours, a également affirmé, en tant qu’africaine, Marocaine et arabe, ne pas vouloir en aucun cas « être l’otage du colonialisme ».

« Je ne veux pas avoir à me défendre si je parle français et que je dis : Non, je ne trahis pas mon pays ou ma culture. Je n’ai pas vendu mon âme aux Français ou aux colonialistes. Je pense qu’il faut arrêter avec ça. Le français est ma langue autant que la langue des Français et celle des Suisses, des Belges ou des autres », a-t-elle ajouté.

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