Le coronavirus pourrait causer 18.000 morts d’ici janvier, met en garde Dr Hamdi
Publié leDans une lettre adressée à H24Info, le docteur Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération Nationale de la Santé (FNS) tire la sonnette d’alarme sur la situation épidémiologique inquiétante et appelle à agir « maintenant ».
La mortalité à cause de la COVID pour les trois mois à venir novembre, décembre et janvier : 1800, 4500 et 8000 décès. En février autant. Les chiffres concernent chaque mois à part, et non un cumul. Avec la projection de terminer ce mois d’octobre à 3500 décès, le total des décès au 31 janvier 2021 serait aux alentours de 18 000 vies perdues, si on laisse évoluer la situation telle qu’elle est actuellement.
Très probablement beaucoup plus de décès que ces chiffres. Certainement beaucoup moins, à la condition d’agir fort et vite, très vite même. On a déjà gagné la bataille au départ de la pandémie, avec la même volonté, le même engagement citoyen, on peut infléchir drastiquement ces chiffres et sauver des milliers de vies, d’opportunités économiques, de régularité scolaire, et de bien-être social.
Le vendredi 16 octobre 2020 nous étions à 46 décès les 24 h et un cumul de 2818 décès depuis le début de la pandémie. Que dieu ait leurs âmes, toutes ces victimes.
On devrait être, selon des projections basées sur la courbe locale, à 3500 décès après 30 jours, c’est-à-dire au 15 novembre. Ceci sans compter sur la dynamique propre à cette épidémie.
Le soir même lors d’une émission télévisée j’avais donné une autre projection de date pour le même chiffre : en avançant que le chiffre des 3500 décès pourrait même être atteint 15 jours avant, soit le 1er novembre au lieu du 15 novembre.
Malheureusement dès le lendemain, il était clair que c’est cette hypothèse qui était la plus probable. Le samedi 17 octobre on avait enregistré pour la première fois un pic de 60 décès par 24 heures.
Des projections calculées sur la base de chiffres projetés par plusieurs modélisations d’organismes spécialisés dont , entre autres,« The Institute for Health Metrics and Evaluation », mais que nous avons mises à côté d’autres projections et adaptées à l’évolution locale et aux spécificités de cette évolution.
Ces décès ne sont pas que des chiffres, ce sont des vies humaines, des amis, des collègues, des parents … Ce ne sont pas que des chiffres et des statistiques, ce sont des drames humains qui impactent la vie et l’avenir de milliers de personnes tous les jours et pour plusieurs années encore.
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Ce sont des vies qu’on pouvait épargner, des décès qu’on pouvait éviter.
D’autres personnes ont perdu leur emploi, leur source de revenu, ou qui ont perdu leurs projets, leurs entreprises et avec des milliers de postes d’emplois.
Toutes ces vies, toutes ces pertes économiques qu’on pouvait éviter en portant un masque, en respectant la distanciation, en se lavant les mains convenablement, en aérant les espaces clos. Peut-être pas toutes, mais très certainement une bonne partie.
Pensons-y chaque matin avant de quitter nos foyers et nos familles. Peut-être nous pourrons sauver des vies. Des vies de personnes qui nous sont chères, peut-être la nôtre aussi.
Il est toujours possible de sauver d’autres vies. COVID n’a pas encore baissé les bras. Elle ne les baissera jamais tant que les bras de plusieurs parmi nous restent baissés devant les mesures barrières.
Nous étions à 2, 3 décès par jour, puis une dizaine, …. Nous sommes à une cinquantaine par jour.
On finira ce mois d’octobre avec une moyenne de 60 décès et plus par jour quoi qu’on fasse, les jeux sont déjà faits pour ce mois.
En gardant les mêmes comportements de la population, du système de santé et des autres acteurs (La kaddara Allah !), nous perdrons en novembre en moyenne 75 par jour pour finir le mois sur les 90 décès par jour.
On perdrait en moyenne 150 vies par jour en mois de décembre, pour atteindre les 300 par jour en mois de janvier. Un chiffre qui n’entamerait sa descente qu’au mois de mars. Le mois de février les chiffres resteraient aussi meurtriers, et seule la disponibilité effective d’un vaccin sûr et efficace en mois de janvier (ce qui est très peu probable pour nous au Maroc) pourrait atténuer ces chiffres au mi-février. Autrement les chiffres seraient semblables au mois de janvier.
En fin de novembre on aurait cumulé 1800 décès pour ce seul mois. Environ 4500 pour le seul mois de décembre, et 8000 vies pour le mois de janvier.
Le total des décès au 31 janvier 2021 serait aux alentours de 18 000 vies perdues si on continue de faire ce qu’on fait…
Pensons à ces chiffres. certainement chacun de nous pourra faire quelque chose pour éviter le pire.
Chacun de nous pourra faire quelque chose (à part porter le masque et respecter les autres barrières ce qui est déjà un bon départ), mais je fais allusion à faire un geste, se mobiliser, sensibiliser, crier, alerter …
Si vous pensez agir, pour éviter l’évitable, faites-le maintenant s’il vous plait.
Par Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé.