Interview. Startups et financement, l’avis de Badr El Houari, co-fondateur de Devoxx

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L’entrepreneuriat est l’une des voies qui contribuent de plus en plus au développement du tissu économique. En plus de créer des emplois pour les jeunes, il aide à développer leurs créativité, personnalité et esprit d’initiative.

Du brainstorming jusqu’à la concrétisation du projet, l’entrepreneuriat passe par plusieurs étapes. Mais pour réussir son projet, le business plan qui puisse répondre à la réalité du marché, est capital. Il est en effet primordial d’être en phase avec les besoins du secteur où l’on souhaite investir.

L’aventure entrepreneuriale demande certains sacrifices au départ, car la réussite du projet ne peut se faire que sur le moyen ou long terme. La réussite d’une idée n’est pas une question de moyens déployés, mais surtout la faisabilité et la façon de gérer l’évolution du projet. En effet, même si certaines idées semblent captivantes sur papier, il se révèle par la suite qu’elles souffrent d’un manque d’originalité ou de faisabilité. C’est pour cela que les projets doivent être pensés dans leur ensemble, afin d’avoir le maximum de contrôle sur leur acheminement et réalisation.

Il ne suffit pas de disposer d’un local et d’un financement pour se lancer dans l’aventure. Il faut avoir le mindset qui va avec, notamment savoir prendre des risques et savoir comment gérer les challenges.

H24info s’est entretenu avec Badr El Houari, co-fondateur de Devoxx Morocco, pour avoir son avis sur l’entrepreneuriat.

Que pouvez-vous nous dire sur l’entrepreneuriat au Maroc ?

Badr El Houari : je dirais qu’il y’a beaucoup plus d’associations que de startups. Les gens derrière ces associations n’ont rien à voir avec le monde de l’entrepreneuriat. Comment quelqu’un qui n’a jamais été entrepreneur peut-il parler de ce sujet? c’est malheureusement l’une des réalités négatives que la scène entrepreneuriale connait au Maroc. On n’organise plus de hackaton maintenant, car cela est devenu un effet de mode. L’écosystème a été quelque part «bousillé». Je dirais que 90% des startups aujourd’hui sont axées sur le digital. Le plus gros challenge n’est pas la technologie, mais de trouver des talents. Par ailleurs, il y’a toujours un souci chez les dirigeants des grandes entreprises au Maroc, car certains n’arrivent pas à intégrer les nouvelles technologies. Ces dernières ne se limitent pas aux réseaux sociaux ou au Cloud. Il faudrait donc développer cette culture digitale.

Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer dans le financement des startups ?

Trouver un financement peut être chose facile, mais le garder en est une autre. En effet, pour les investisseurs, le challenge n’est pas de trouver une bonne idée, mais comment concrétiser cette idée sur le marché. Il est toujours intéressant de présenter une, des chiffres, une maquette ou un prototype de son projet aux investisseurs. En plus de montrer le sérieux des entrepreneurs, cela permet aux investisseurs de voir la faisabilité de l’idée. Ce qui est encore bien plus intéressant pour les porteurs de projets dans la levée de fonds est de trouver des clients. S’ils arrivent à en trouver, ils peuvent être sûrs que les investisseurs seront plus enclins à leur octroyer des sommes importantes pour leurs projets, car il y’a une demande pour ceux-ci.

Il est à noter que si beaucoup de startups au Maroc n’avancent pas, c’est parce qu’elles restent dans l’étape de l’idée. Disposer de fonds propres est toujours un plus, car cela permet de travailler sans avoir à subir de pression vis-à-vis des investisseurs qui attendent un résultat contre leur argent.

Par ailleurs, il ne suffit pas de lever des fonds, il faut avoir une suite dans son projet. Si l’on décide de s’arrêter lorsqu’on aura suffisamment de ressources financières, il vaudrait mieux ne pas se lancer dans l’entrepreneuriat.

 

Quelles sont les recettes pour la réussite d’un projet?

Il faut savoir exécuter son idée de manière intelligente. Il faut impliquer le public visé tout au long du processus de concrétisation du projet afin qu’il réponde au mieux à ses attentes. Il faut adopter des approches constructives, notamment en offrant des accès en avances sur l’état d’avancement, des chiffres, etc. Malheureusement, au Maroc il y a plus de théorie que de pratique pour ce qui est du déploiement de ces mesures. Par ailleurs, la passion et la persévérance sont deux éléments clés dans le succès d’un projet, et non pas l’argent. Au Maroc, tout le monde veut se lancer dans l’entrepreneuriat pour se faire de l’argent. Le vrai entrepreneuriat est motivé par la création de la richesse et de la valeur ajoutée. Un entrepreneur qui ne crée pas de valeur ajoutée, et qui est motivé par l’argent, n’est pas voué au succès.

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