Après deux ans d'absence, le Moga festival a fait son grand retour aux sources, à…
Interview. Matthieu Corosine: « Le Moga festival s’exportera l’année prochaine au Sénégal, mais se fera aussi à Essaouira »
Publié leLe Moga festival, rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique électronique, a fait son grand retour après deux éditions manquées. Frustrations, nouveau concept et nouvelle destination… Matthieu Corosine, fondateur du festival nous en dit plus.
H24 Info. Le festival célèbre son retour après deux années d’absence… vous aviez des appréhensions?
Matthieu Corosine: Il y a eu beaucoup de frustrations surtout. On a en effet une activité qui va au-delà du Moga, on organise pleins de festivals, dans pleins d’autres pays, mais le Maroc a une place spéciale dans notre cœur. Lorsqu’on n’a pas pu venir pour le faire, c’était vraiment un drame pour nous.
On a quand même eu l’idée d’exporter le festival au Portugal, en 2020 et 2021. Et malgré le contexte de la pandémie, on était sold-out et on a même eu une centaine de Marocains qui sont venus. Mais le faire au Portugal, ça nous a renforcés dans l’idée que Moga a une identité forte et que même si le festival n’a pas pu se faire au Maroc, les gens nous suivaient quand même et ils avaient envie qu’on revienne.
Justement les deux éditions au Portugal ont très bien marché, pourquoi ce besoin de revenir au Maroc?
Oui on est allé au Portugal et ça s’est bien passé, mais il n’a jamais été question une seule seconde de pas revenir ici. Le Moga festival c’est Essaouira, l’ADN, la couleur, les fondements mêmes de ce festival, c’est Essaouira et ça le restera. On n’a pas cessé de nous demander pourquoi on ne va pas au nord, à Marrakech à Taghazout ou d’autres villes, mais je ne saurai même pas l’expliquer, le Moga, c’est Essaouira.
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On a fait des festivals aux États-Unis, au Mexique, aux Antilles, en Tunisie, mais sincèrement on n’a jamais eu un tel accueil et soutient de la part des autorités alors qu’on est dans un pays conservateur, dit-on, et pourtant les autorités se mobilisent pour que le festival se passe toujours dans les meilleures conditions. On est soutenus comme nulle part ailleurs.
Je pense aussi que c’est parce que tout cela se passe à Essaouira et que si ça se déroulait à Marrakech, alors on ne serait qu’un parmi une quinzaine. On nous fait aussi sentir que nous sommes chez nous.
Pour ce grand retour le festival a été rallongé, en s’étalant sur cinq jours avec un programme off, totalement gratuit. Ce format perdurera?
On a vraiment beaucoup bossé. On en a eu du temps et donc nous avons essayé d’appliquer le format que nous voulions initialement, en proposant enfin un programme off, pour faire découvrir ou redécouvrir aux festivaliers cette magnifique ville, comme nous on l’a découverte quand on est arrivés.
Notre vision, se fonde sur deux importantes idées. D’abord l’idée de la « tribe », car nos festivaliers forment une tribu, certains très bons amis aujourd’hui se sont rencontrés pour la première fois ici. Et la deuxième chose c’est l’expérience unique qu’offre ce festival. Les deux choses se nourrissent l’une de l’autre. Cette année nous avons voulu traduire cela, en faisant un off pour faire découvrir la ville et la faire vivre, avec des masterclasses, des cours de surfs, des expositions photos et des concerts gratuits pendant deux jours, en accès libre pour tout le monde et un In qui se déroule au Sofitel. À travers ce format, on veut faire vivre l’expérience Moga gratuitement et à terme nous voulons que l’Off soit le IN et le In soit le Off.
Contrairement à d’autres festivals organisés au Maroc, le Moga invite un grand nombre d’artistes marocains…
En effet, sur les 84 artistes présents cette année, plus de 40 sont Marocains. Pour nous c’est évident est normal. D’ailleurs sur toutes nos affiches c’est la même typographie et la même communication autour de tous les artistes. Ils sont tous logés à la même enseigne.
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Nous voulons proposer une plateforme pour les artistes marocains. Pour que des artistes locaux puissent se confronter à des artistes internationaux, mais qu’ils puissent aussi se faire connaitre auprès de leur public et aussi un public international. Cela a toujours été important pour nous. En 2018 et 2019 déjà nous tentions déjà d’avoir 50% d’artistes marocains et 50% d’artistes étrangers. C’est aussi le cas pour ce qui est de l’équipe qui organise le festival, 70% sont des Marocains. Lorsqu’on a organisé le Moga à Caparica, nous avons emmené six DJ Marocains avec nous. Inversement nous avons ramené six DJ portugais cette année à Essaouira. Le plus important pour nous c’est le partage.
Vous avez déjà commencé à travailler sur la prochaine édition. Y aura-t-il encore des nouveautés ?
Nous avons envie de nous concentrer davantage sur le programme off, c’est un vrai axe de développement pour nous. Pour ce qui est de la création, nous avons aussi la volonté de maintenir nos fusions. Depuis 2016, nous sélectionnons un artiste du line up pour faire une résidence artistique avec un maâlem. La restitution de cette résidence se fait durant le festival en live. Ils jouent donc pour la première fois la chanson qu’ils ont créée quelques jours auparavant. Dans le futur, nous aimerions mettre en place un label de musique qui puisse diffuser ces fusions partout dans le monde.
Et l’autre sujet, c’est de pouvoir aller dans un autre pays en plus, pas à la place. Et ça sera le Sénégal l’année prochaine.