Interdiction des déplacements des supporters: les ultras se rebiffent

C’est désormais une triste habitude. À chaque grand match de la Botola Pro D1, le club visiteur se voit privé de ses supporters. La cause ? Des arrêtés des autorités locales jugés “arbitraires” par les Ultras du Maroc.

L’affaire remonte à la saison dernière de la première division du Championnat marocain, lorsque le Moghreb Athletico de Tétouan affrontait à domicile le Wydad de Casablanca. Quelques heures avant cette rencontre, cette ville du nord du Royaume était le théâtre de scènes de violence perpétrées par les supporters des Rouges. Pas moins de 33 individus ont été arrêtés ce jour-là par les forces de l’ordre.

MAT-Wydad: 33 personnes arrêtées et 29 blessées, dont 10 policiers, en marge du match

Depuis, le public marocain souffre de la désormais tristement célèbre “interdiction de déplacement”. En effet, avant chaque grand rendez-vous de la Botola, à l’image de l’AS FAR-RAJA, Ittihad de Tanger-MAS, pour n’en citer que ceux-là, des arrêtés des autorités locales de ces villes viennent gâcher la joie des supporters. Pas moins de dix matchs ont connu cette situation la saison dernière, et cela continue toujours et encore…

Face à cette situation, les groupes de supporters sont tout de même restés sereins au début, pensant sûrement que ça n’allait pas durer. Mais depuis le lancement de cette saison, l’on remarque de plus en plus de voix se soulevées contre ces décisions dites “arbitraires”.

Une chose est sûre: l’interdiction a soudé les Ultras du Royaume! Rivalité de côté, cette fois les Ultras travaillent main dans la main pour trouver une réponse à leur question: l’Interdiction est-elle un moyen d’éviter le chaos ou plutôt une preuve de l’incapacité des autorités. se demandent, à juste titre, ce groupement sportif passionné.

Ce message est apparu dans des banderoles lors de plusieurs matchs de la Botola cette année. Les Ultras se demandent donc pourquoi il y a des années de cela, quand le “hooliganisme” était à son paroxysme au Maroc, seulement quelques matchs se jouaient à huis clos. Les temps ont évolué, et les moyens de gérer les “trouble-fêtes” aussi.

L’Union des Ultras du Maroc a également publié un communiqué autour de cette situation. Pour ces fervents groupes de supporters, “le rideau de l’obscurité s’est abaissé sur les stades nationaux”, faisant référence aux nombreuses interdictions de déplacement. “Elles franchissent désormais le seuil de la honte, à l’instar de l’article constitutionnel garantissant ce que votre politique stérile a corrompu”, lit-on dans ce communiqué commun.

Pour ces supporters, le caractère systématique de ces interdictions n’est en fait que la preuve d’un “dysfonctionnement dans l’appareil sécuritaire et une incapacité évidente à assumer la responsabilité d’organiser des matchs en présence du public”. En plus, ces décisions pèsent également sur les clubs, malgré leur silence. Ces derniers perdent une grande partie des recettes de la billetterie des rencontres, très importantes pour certains clubs qui peinent financièrement.

Aujourd’hui, la Botola, qui se trouve en tête des meilleurs Championnats du continent, a plus que besoin de son public, qui a joué un grand rôle dans ascension. Il y a tout juste quelques années, plusieurs clubs marocains n’étaient pas connus à l’international, mais grâce à ces Ultras, les clubs du Royaume sont désormais suivis des 4 coins du globe.

Et d’ailleurs, si les supporters des Lions de l’Atlas ont marqué la précédente Coupe du monde qui a eu lieu au Qatar, c’est en partie grâce à ces Ultras dont les membres se sont déplacés aux stades et ont contribué à enflammer l’ambiance.