Le dirham s'est déprécié de 1,85% face à l'euro et s'est apprécié de 1,90% vis-à-vis…
Hausse de la parité dollar/dirham: quel impact sur l’économie marocaine?
Publié leLa parité USD/MAD emprunte depuis quelques semaines une tendance haussière pour atteindre un nouveau plus haut historique de 20 ans.
Franchissant ces niveaux record, cette hausse est en effet expliquée par la récente augmentation du dollar américain par rapport à l’euro qui s’est répercutée sur le taux de change du dirham. Quel est alors l’impact de cette hausse sans précédent sur l’économie nationale, particulièrement en matière d’import-export ? Et est-ce que cette tendance risque-t-elle d’exacerber la flambée des prix ?
Selon une analyse d’Attijari Global Research (AGR), cette tendance haussière tire son origine du resserrement des conditions de liquidité sur le marché interbancaire des changes marocain.
Un constat confirmé par l’économiste spécialiste en politique de change, Omar Bakkou, qui indique, dans une déclaration à la MAP, que l’appréciation du taux de change du dollar américain par rapport au dirham est due essentiellement à la méthode de détermination du taux de change du dirham par rapport aux autres monnaies.
Cette méthode, appelée « méthode de panier » consiste à fixer le cours central du dirham par rapport à un indice théorique constitué de l’euro (60%) et du dollar (40%), souligne M. Bakkou, faisant savoir que cet indice est conçu de façon à ce qu’un panier de devises constitué de 60 euros et de 40 dollars puisse être acheté avec la même quantité de dirhams quelle que soit l’évolution du cours de change de l’euro par rapport au dollar sur le marché international.
Concrètement, a-t-il soutenu, lorsque le dollar américain s’apprécie par rapport à l’euro de 1% par exemple, le cours central du dollar par rapport au dirham s’appréciera de 0,6%, alors que le cours central de l’euro par rapport au dirham se dépréciera de 0,4%.
Par conséquent, la récente tendance haussière du dollar américain par rapport à l’euro s’est répercutée sur le taux de change du dirham à cause essentiellement de la méthode de détermination du taux de change adoptée au Maroc, a relevé l’économiste.
Évoquant l’impact de cette tendance sur les importations et les exportations, M. Bakkou a fait remarquer que la dépréciation du taux de change du dirham par rapport au dollar américain a un impact négatif pour les importations et positif pour les exportations.
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Il s’agit d’un impact négatif pour les importations en raison de ce que cette dépréciation renchérit légèrement les prix des importations nationales facturées en dollars (environ 50%), particulièrement les produits énergétiques, miniers et agricoles, a-t-il dit, ajoutant qu’en revanche, l’impact est positif pour les exportations (environ 40%) puisque cette dépréciation leur permet de générer plus de recettes en dirhams à l’issue de leurs opérations d’exportation.
« En définitive, compte tenu de la légère asymétrie entre la facturation en dollar de nos importations comparativement à nos exportations (on achète plus en dollar qu’on en vend), on peut affirmer que l’impact de l’appréciation du dollar par rapport au dirham sera globalement négatif sur notre balance commerciale », a-t-il précisé.
Interrogé sur le risque d’exacerbation de la flambée des prix, compte tenu du contexte actuel, le spécialiste a indiqué que « globalement, le lien entre le taux de change et les prix internes se présente comme suit : une dépréciation du taux de change renchérit en principe les prix des importations ce qui exerce une pression à la hausse sur les prix internes (inflation importée) ».
« Or, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une dépréciation du taux de change du dirham qui demeure modéré et qui ne touche qu’une partie de nos importations et si l’on prend en considération d’autres facteurs notamment l’intervention de l’Etat à travers la Caisse de compensation, la tendance baissière du coût du fret enregistré récemment, ainsi que la stabilisation des prix des produits énergétiques, on peut affirmer que l’impact sur les prix intérieurs sera minime au Maroc », a-t-il conclu.