Harley-Davidson délocalise sa production hors des États-Unis, Trump «surpris»

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Si le groupe, qui vend 40.000 motos par an en Europe, son deuxième marché après les États-Unis, continuait de fabriquer ses produits aux États-Unis, il vendrait chaque véhicule entrant sur le marché européen, 1900 euros plus cher.

Victime de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, le constructeur emblématique de motos américaines Harley Davidson a annoncé, lundi, délocaliser une partie de sa production pour échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington. Le groupe, qui vend quelque 40.000 motos par an en Europe -son deuxième marché après les États-Unis, n’a pas spécifié dans quelles usines il allait transférer sa production ni si cela allait entraîner des réductions d’emplois sur le sol américain. Harley-Davidson a des usines au Brésil, en Inde, en Australie et une en cours de construction en Thaïlande.
La célèbre marque de motos, née il y a 115 ans, a déploré que les taxes douanières européennes soient passées de 6% à 31% sur ses produits entrant sur le marché européen, ce qui renchérit le prix au détail de chaque véhicule de 2200 dollars (1880 euros environ). Non seulement le constructeur est touché par ces taxes mais les droits qui frappent les échanges d’acier renchérissent aussi le coût de cette matière première, avait déjà prévenu en avril le directeur financier du groupe.
Depuis le 22 juin, Bruxelles a en effet frappé une série de produits typiquement américains de droits de douane de 25%, prenant ainsi des mesures de rétorsion après les taxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium européens. Ainsi les célèbres motos mais aussi les jeans, le bourbon ou encore le beurre de cacahuètes sont dans le collimateur de Bruxelles. «Ce sont des produits symboliques qui ont été taxés par l’UE», commente Thibault Lanxade, vice-président du Medef, ce mardi, au micro de Radio Classique.
Lire aussi: Washington impose des taxes sur l'acier et l'aluminium de l'UE, du Canada et du Mexique
Certains de ces produits semblent être savamment ciblés par l’UE parce qu’ils sont fabriqués dans des États politiquement proches de Donald Trump. C’est le cas de Harley-Davidson dont le siège est à Milwaukee (Wisconsin), l’État de Paul Ryan, le chef des républicains à la Chambre des représentants Paul Ryan.
Donald Trump a critiqué lundi le constructeur moto Harley-Davidson. «Surpris que de toutes les compagnies Harley Davidson soit la première à hisser le drapeau blanc. Je me suis battu dur pour eux et finalement ils ne vont pas payer les droits de douane dans l’UE», a affirmé le président. «Les taxes sont seulement une excuse pour Harley – soyez patients!» ajoute-t-il sur compte Twitter.


«Le problème n’est pas qu’Harley n’est pas patriotique, c’est que les taxes douanières sont stupides», a rétorqué le sénateur républicain Ben Sasse pour qui ces nouvelles mesures «ne fonctionnent pas».
«Quand on parle de Harley-Davidson, cela reste de l’ordre du symbole mais quand on voit qu’il y a une délocalisation, il y a une forme de tensions avec laquelle il faudra être vigilant», déclare Thibault Lanxade en s’interrogeant: «est-ce qu’on ne rentre pas dans un jeu dangereux (…) C’est l’engrenage qui risque de poser un problème».
Des ventes déjà sur le déclin
De son coté, Harley Davidson prévoit que le coût immédiat des tarifs ainsi que les investissements liés au transfert de production, qui devrait prendre de 9 à 18 mois, affecteront ses comptes à hauteur de 90 et 100 millions de dollars sur un an. A la Bourse de New York lundi, son titre a chuté de 5,97%.
Si la marque de motos mythique apparaît comme une victime collatérale de la confrontation commerciale lancée par Donald Trump, l’essoufflement de ses ventes n’est pas nouveau, entre le vieillissement de sa clientèle et la concurrence des véhicules japonais.
Le groupe compte donc beaucoup sur ses exportations pour tenir sa production à flots alors que dans l’ensemble ses ventes ont chuté de 6,7% l’an dernier, dont 8,5% pour les seuls États-Unis.
En 2017, Harley-Davidson a vendu 242.788 motos dans le monde, contre 260.289 l’année précédente, et ne prévoit d’en vendre que 231.000 à 236.000 cette année. La compagnie a déjà annoncé au début de l’année la fermeture d’un site à Kansas City (Missouri) et une restructuration de son unité de York en Pennsylvanie.
Ironiquement, Harley-Davidson avait été l’un des premiers groupes manufacturiers à visiter la Maison Blanche en février 2017 pour illustrer la stratégie industrielle de «l’Amérique d’abord» du président Trump, tout juste élu. Le président avait salué «ce fleuron américain» et exprimé sa confiance dans le fait que la compagnie allait augmenter sa capacité industrielle sur le territoire américain.

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