Harcèlement sexuel: le réalisateur Hicham Hajji dénonce l’omerta dans le cinéma
Publié leDans une interview pour le quotidien Aujourd’hui le Maroc, le réalisateur marocain Hicham Hajji revient notamment sur le sujet très sensible du harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma, spécialement au Maroc.
Le Rbati de 37 ans a réussi à percer le cercle très prisé des réalisateurs et producteurs hollywoodiens avec son premier long-métrage « Redemption Day » réalisé l’année dernière. Il raconte avoir été confronté au Maroc à « des histoires à dormir debout comme des réalisateurs qui demandent à des jeunes actrices de faire des castings chez eux à la maison, un samedi soir à 21h, etc., ou des gens qui promettent des choses de manière générale… ».
« [Il faut] que ce genre de comportement cesse! Que les gens puissent parler et raconter ce qui se passe. Je vous jure que si on était en France ou aux Etats-Unis, beaucoup de cinéastes et autres personnes des administrations seraient en prison pour un long moment. Mais chez nous ça reste normal », s’insurge-t-il auprès de nos confrères.
« Combien de ces jeunes se retrouvent privées de vrais castings lorsqu’elles disent non », regrette-t-il, précisant que « ça va à plus gros que ça dans le financement, la production, etc. ». Dans une publication partagée sur sa page Facebook la semaine dernière, le réalisateur au franc-parler a incité les actrices potentiellement victimes de harcèlement sexuel au Maroc à dénoncer leurs « prédateurs », rapporte ALM.
Lire aussi : Des stars d'Hollywood lancent le projet anti-harcèlement sexuel "Time's Up"
« Si vous avez été témoin de quelque chose comme ça, et surtout si vous êtes victime d’une inconduite sexuelle, trouvons un moyen de le manifester haut et fort et vous pouvez toujours compter sur moi pour vous aider de toutes les manières possibles », peut-on y lire.
Il a également encouragé les gens à visionner la série « The Morning Show » sur Apple TV+ (qui met en lumière le mauvais comportement des hommes envers les femmes), « pour comprendre quelles sont nos limites (nous, les hommes) », écrit-il, une série dans laquelle on retrouve notamment les actrices américaines Jennifer Aniston et Reese Witherspoon.
« Beaucoup de cinéastes que je connais sont dix fois pires que ce qui s’est passé dans cette émission de télévision, même pire que ce que Harvey Weinstein a fait (…), mais pourtant ils continuent de faire des films et les gens continuent de regarder leur inconduite en silence », poursuit l’artiste dans sa publication en anglais.
« Les gens au sommet des institutions administratives sont les mêmes et personne n’en parle. Nous le savons tous, mais gardons le silence car une fois que vous parlez, vous n’êtes plus embauché et vous n’avez pas de subventions, et vous n’avez pas d’autres options », renchérit Hajji.