Un détenu saoudien de la prison militaire américaine de Guantanamo est arrivé tard mercredi dans son pays, dans le premier transfert du genre depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump en janvier 2017.
Condamné à 13 ans de prison en 2017 pour sa participation à l’attentat contre le pétrolier français Limburg en 2002 au large des côtes yéménites, Ahmed Mohammed Ahmed Haza al-Darbi « purgera le reste de sa peine en Arabie saoudite », a précisé le ministère américain de la Défense dans un communiqué.
A Ryad, un porte-parole des services de sécurité, cité par l’agence officielle SPA, a indiqué que le détenu était arrivé dans le royaume mercredi soir.
Sa famille a été informée de son arrivée et des dispositions ont été prises pour qu’il la rencontre, a ajouté le porte-parole, précisant que le détenu suivra un « programme de réhabilitation ».
Le porte-parole a souligné que ce « citoyen saoudien avait été récupéré dans le cadre des efforts déployés pour ramener dans leur pays les personnes détenues à l’étranger », laissant entendre que Ryad a négocié son retour en Arabie saoudite.
Jusque-là, l’Arabie saoudite n’avait pas récupéré que des détenus saoudiens, durant le mandat de l’ancien président américain Barack Obama qui voulait fermer le centre de détention de Guantanamo.
Les derniers ont été quatre détenus yéménites transférés le 5 janvier 2017 en Arabie saoudite, soit deux semaines avant le début du mandat du président Trump.
Le détenu collabore avec les autorités américaines depuis qu’il a plaidé coupable, il y a quatre ans, d’avoir planifié et aidé à l’exécution de l’attaque contre le Limburg dans le Golfe d’Aden en 2002. Un marin bulgare avait été tué et douze autres personnes blessées.
Emprisonné à Guantanamo en 2002, le Saoudien avait été condamné à 13 ans de prison en octobre 2017, le début de sa peine ayant été fixé à la date de son plaider-coupable.
L’accord comprenait une disposition selon laquelle, après quatre années passées à Guantanamo à partir de son plaider-coupable, il pourrait terminer sa peine dans une structure de dé-radicalisation pour jihadistes en Arabie saoudite, le Centre de conseil et d’orientation Mohammed ben Nayef.
Guantánamo sous l’ère de Trump
Son départ porte à 40 le nombre de détenus restant à Guantánamo, une prison décriée par les défenseurs des droits de l’Homme, ses détenus n’étant pas jugés par des tribunaux civils mais par des commissions militaires. Leurs cas ont soulevé des contestations judiciaires et des délais interminables.
Le président américain Donald Trump a néanmoins accordé en janvier une deuxième vie à cette prison décriée, en décidant de la garder ouverte et d’y incarcérer de nouveaux détenus.
Il avait alors chargé le Pentagone de définir quel genre de prisonnier de guerre pourrait de nouveau être envoyé à Guantánamo. Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a envoyé ses conclusions à la Maison Blanche, a indiqué mercredi le Pentagone.
La recommandation de Mattis apporte « à nos combattants des instructions sur la façon de désigner des détenus comme transférables à Guantanamo, s’ils présentent une menace persistante et significative pour la sécurité des États-Unis », a précisé la porte-parole du Pentagone.
Le conseil à la sécurité nationale de la Maison Blanche s’est refusé à tout commentaire.
Le Pentagone n’a pas donné de détails supplémentaires sur la teneur des recommandations de Mattis, qui avait indiqué lundi que les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes et soutenues par les États-Unis, détenaient actuellement 400 étrangers ayant combattu aux côtés du groupe État islamique (EI).
Il s’est déclaré « absolument certain qu’il ne se passe pas une seule chose là-bas (à Guantánamo, ndlr) qui ne soit pas conforme » à la convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre.
Guantanamo n’a reçu aucun nouveau prisonnier depuis 2008 mais depuis sa campagne électorale de 2016, Trump ne cache pas son intention d’y envoyer davantage de « méchants ».
« Vu l’historique de tortures, de détentions illégales et l’absence totale de justice rendue, aucun nouveau détenu ne devrait être transféré à Guantanamo », a estimé Amnesty International.