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Grand angle. Nutrition: « Mon enfant ne veut pas petit-déjeuner »
Publié le« Le petit déjeuner, un repas essentiel de plus en plus délaissé et simplifié », particulièrement chez les enfants et adolescents, a constaté le ministère de la Santé, au point d’organiser une campagne de sensibilisation pour promouvoir son importance. Pour l’institution gouvernementale, il est nécessaire de considérer le petit-déjeuner comme une question politique d’intérêt public.
« Mon enfant ne veut pas petit-déjeuner », voici le témoignage de nombreux parents interrogés par H24Info à l’occasion d’un micro-trottoir. Certains n’en connaissent pas les causes, d’autres invoquent un lever tardif ou l’attention accaparée par le téléphone.
Ces paroles confirment le constat établi par le ministère de la Santé selon lequel le petit déjeuner « est un repas essentiel de plus en plus délaissé et simplifié », à tel point qu’il a décidé d’organiser du 10 novembre au 10 décembre 2021 une « campagne nationale sur la promotion du petit déjeuner chez les enfants et les adolescents ».
Selon les derniers chiffres datant de 2016, révélés par le rapport de l’Enquête Mondiale sur la Santé des Élèves (GSHS), 63.8% des élèves prennent le petit déjeuner la plus part du temps ou toujours durant les 30 derniers jours. La proportion est plus importante chez les garçons que les filles (71.3% contre 55.4%) et chez les élèves du milieu rural que ceux issus du milieu urbain (67.9% contre 62.5%).
Cette tendance potentiellement croissante à négliger le premier repas de la journée s’inscrit dans un contexte de « transition nutritionnelle précoce », explique le ministère dans son communiqué. Un phénomène « caractérisé par la persistance de certains troubles nutritionnels de type carentiel (malnutrition protéino-énergétiques, carences en fer, en vitamines A et D et en iode) et l’émergence de ceux liés à la surcharge (surpoids et obésité) ».
En d’autres termes, les enfants comme les adultes mangent de plus en plus mal, des produits de type fast-food pauvres en vitamines et souvent trop sucrés, particulièrement dans nos environnements de plus en plus urbanisés. Cette « malbouffe » fait le lit à certains problème de santé publique en l’occurrence les maladies non transmissibles qui constituent une des causes majeures de décès des adultes au Maroc et représentent à elles seules plus de 55% du fardeau épidémiologique du pays, alerte le ministère.
Fatigue, déconcentration, sommeil pendant la classe, « les enfants doivent venir à l’école le ventre plein »
Au-delà de l’aspect strictement sanitaire, « le petit déjeuner est un atout pour la réussite scolaire et constitue l’une des première règles pour l’équilibre alimentaire qui leur apporte tous les nutriments nécessaires à leur concentration, leur attention et à leurs facultés de réflexion, de mémorisation et d’analyse ».
Et d’ajouter: « On lui connaît aussi beaucoup de bienfaits dans le contrôle de l’appétit, l’augmentation des aptitudes cognitives, la stimulation de l’énergie, la baisse du risque de maladie non transmissibles et l’amélioration de l’état de santé général. Ces observations et leurs répercussions sur la santé publique et sur les performances professionnelles, donc sur l’économie indiquent clairement la nécessité de considérer le petit déjeuner comme une question politique d’intérêt public. »
A la sortie d’une école du quartier Gauthier, à Casablanca, une enseignante abonde dans le même sens. « Normalement, les enfants doivent venir à l’école le ventre plein. Dans le cas contraire, on sent que l’élève a tendance à avoir sommeil, à être fatigué et à ne pas vraiment s’intéresser au cours », témoigne-t-elle, précisant que certains comptent sur la collation de la récréation de 10h, fournie par les parents, et qui elle-même est « incomplète et incorrecte ». « Nous, en tant que maîtresses de CP, nous tenons à demander aux parents d’envoyer du pain et non pas des biscuits ou des produits transformés qu’ils achètent à l’épicerie ».
Pour cette maîtresse, la raison principale de ce phénomène réside du côté des horaires de sommeil. « Les élèves se couchent trop tard, se réveillent donc trop tard et ne peuvent pas prendre leur petit-déjeuner sur le coup, il leur faut un temps d’adaptation ». Sommeil et lever tardifs figurent également parmi les causes listées par le ministère de la Santé.
Consultée par nos soins, le médecin généraliste et nutritionniste Valérie Alighieri salue l’initiative du ministère « pour informer sur l’importance du petit déjeuner chez les enfants en pleine croissance et sensibiliser les parents qui ne prennent pas le temps d’organiser un petit-déjeuner familial ». Dans son cabinet, elle observe aussi que « la plupart des enfants n’en prennent pas ».
« Je dépense beaucoup d’énergie à convaincre et à trouver ce qui pourrait faire plaisir aux enfants le matin, à donner des idées aux parents en proposant parfois des alternatives aux laitages comme des oeufs, du poisson fumé, des céréales sous forme de harira, des fruits secs au lieu de fruits frais… », détaille Dr. Alighieri qui accuse également le coucher et le diner (trop riche aussi) trop tardifs. Si collation à l’école il y a, ce doit être avec « des aliments sains et non des biscuits et des jus ».
Le petit-déjeuner est essentiel à tous les âges de l’enfance
Le petit-déjeuner aide à réguler les apports caloriques de la journée, il est essentiel aux enfants de toute catégorie d’âge, d’autant qu’il est le premier repas après plusieurs heures de sommeil et donc de jeûne. Un repas de moins, c’est prendre le risque de ne pas couvrir les besoins journaliers pour assurer le bon développement physique et intellectuel de l’enfant sur le long terme, sans compter le manque de concentration à l’école le matin sans petit-déjeuner », poursuit la nutritionniste qui indique que le petit-déjeuner doit fournir entre 20 et 30% des besoins journaliers.
« La tranche d’âge va déterminer uniquement les rations c’est-à-dire la quantité que l’on va donner à l’enfant. Elle est différente en fonction des tranches d’âge car les besoins énergétiques journaliers changent en fonction de l’activité physique de l’enfant mais aussi de sa phase de croissance, et de son sexe à partir de 10 ans ».
Rappel sur l’apport énergétique journalier conseillé en fonction des tranches d’âge. Il varie d’une population à une autre mais on pourrait dire en moyenne:
- Entre 1 et 6 ans : 1360 Kcal/ jour à 1830 Kcal/ jour ;
- Entre 7 et 9 ans : 2090 Kcal/ jour ;
- Entre 10 et 15 ans : 2400 Kcal/ jour pour les filles et 2900 Kcal / jour pour les garçons.
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Voici donc le menu idéal pour les petits-déjeuners des enfants selon Dr. Alighieri:
La règle générale pour composer un petit déjeuner nutritif, complet et équilibré est de prévoir quelle que soit la tranche d’âge :
- Un produit laitier ou équivalent pour un apport protéique essentiel et fournir des acides aminés nécessaires à la construction des muscles et à plus petite échelle toutes les protéines de notre organisme ( récepteurs, enzymes ect.) : généralement un bol de lait, un yaourt, une portion de fromage ou un œuf. Les produits laitiers apportent calcium et vitamine D.
- Un aliment céréalier pour fournir des fibres, des protéines d’origine végétale de micronutriments (vitamines, minéraux) et surtout des sucres lents (glucides complexes) utilisés par nos cellules pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’organisme : par exemple du pain ou des céréales.
- Une petite portion de beurre ou d’huile d’olive source d’acides gras essentiels que le corps ne sait pas synthétiser. Les matières grasses aident à l’absorption de la vitamine D ( vitamine liposoluble).
- Un fruit frais ou séché, source de glucides mais surtout de fibres et de micronutriments comme la vitamine C par exemple, excellent antioxydant mais aussi les vitamines du groupe B essentielles au métabolisme énergétique et au fonctionnement du système neurologique. Fruits et légumes sont sources de vitamines hydrosolubles, minéraux, oligo éléments comme le zinc, le cuivre etc.
- Prévoir également un verre de liquide pour l’hydratation (un verre d’eau ou pour les plus grands du thé ou une infusion par exemple).
Messages essentiels à diffuser aux parents:
- Apprendre à l’enfant à faire du petit déjeuner une habitude agréable ;
- Prendre le petit déjeuner en famille, et donner à l’enfant le bon exemple ;
- Varier les petits déjeuner en diversifiant la composition (varier les produits laitiers, les produits céréaliers, les fruits et les boissons) ;
- Eviter les produits trop raffinés qui sont souvent trop gras, trop sucrés, trop riches en calories ;
- Éviter de passer à table dès le réveil car l’appétit se réveille doucement ;
- Si l’enfant refuse de manger le matin, prévoir une collation à mettre dans le cartable/sac (un morceau de pain tartiné, un fruit ou yaourt, par exemple…).