Giorgia Meloni, l’ex-fan de Mussolini devenue Première ministre

Publié le
Mussolini,Giorgia Meloni,Fdl,Italie
Photo: Alessandro Bremec / NurPhoto / NurPhoto via AFP.

Première femme à la tête d’un gouvernement italien, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia (FdI), incarne un mouvement à l’ADN post-fasciste qu’elle a réussi à « dédiaboliser » pour arriver au pouvoir.

Sous la houlette de cette Romaine de 45 ans, FdI est devenu le premier parti du pays en raflant plus d’un quart des voix aux élections législatives de septembre, multipliant par six son score de 2018.

Mme Meloni est parvenue depuis à rassembler sous son nom les mécontentements et frustrations des nombreux Italiens excédés par le « diktat » de Bruxelles, la vie chère et l’avenir bouché des jeunes, captant une grande partie de l’électorat « dégagiste » qui plébiscitait jusqu’alors la Ligue de Matteo Salvini ou le Mouvement Cinq Etoiles (ex-antisystème).

Renvoyée par ses adversaires à son passé de militante dans la mouvance néofasciste, elle demandait à la foule pendant ses meetings de campagne: « Je fais peur, moi? »

Depuis sa victoire, elle n’a eu de cesse d’envoyer des messages d’apaisement en Italie et à l’étranger. C’est surtout son entourage qui l’embarrasse, à l’image de Silvio Berlusconi, son partenaire de coalition, qui encore cette semaine évoquait benoîtement ses liens renoués avec Vladimir Poutine et les cadeaux échangés avec le maître du Kremlin à l’occasion de son 86ème anniversaire fin septembre.

Atlantiste et favorable à l’aide italienne à l’Ukraine face à la Russie, Mme Meloni a aussitôt envoyé ses lieutenants devant les caméras de télévision pour réaffirmer l’engagement de Rome aux côtés de Kiev.

Mussolini, « un bon politicien »

Mme Meloni et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale dont elle a repris, à la fondation de Fratelli d’Italia fin 2012, la flamme tricolore.

A 19 ans, elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était « un bon politicien ».

Elle reconnaît encore aujourd’hui à Mussolini d’avoir « beaucoup accompli », sans l’exonérer de ses « erreurs »: les lois antijuives et l’entrée en guerre. Elle affirme aussi que dans son parti « il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l’antisémitisme ».

Née à Rome le 15 janvier 1977, elle entre en militance à 15 ans dans les associations étudiantes classées très à droite, tout en travaillant comme babysitter ou serveuse.

Lire aussi: Islam, immigration, fascisme: les déclarations de Giorgia Meloni

En 1996, elle prend la tête d’une association lycéenne, Azione Studentesca, dont l’emblème est la Croix celtique.

En 2006, elle devient députée et vice-présidente de la Chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi, sa seule expérience gouvernementale à ce jour.

Elle fréquente alors assidûment les plateaux télé, où sa jeunesse, sa témérité et son sens de la formule font mouche. Elle comprend que, au moins autant que les idées, la personnalité d’une jeune et jolie femme blonde dans une Italie encore très machiste séduit.

« Dieu, patrie, famille »

Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d’Italia avec d’autres dissidents du berlusconisme, et choisit de camper dans l’opposition.

Elle a pour devise « Dieu, patrie, famille », entend fermer les frontières pour protéger l’Italie de « l’islamisation », renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre les « lobbys LGBT » et « l’hiver démographique » du pays, dont la moyenne d’âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.

En 2016, elle dénonce « le remplacement ethnique en cours en Italie », à l’unisson des autres formations d’extrême droite européennes.

« Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne », lance-t-elle à ses supporteurs en 2019 à Rome lors d’un fervent discours devenu célèbre.

Giorgia Meloni, qui vit en concubinage avec un journaliste TV, a une fille née en 2016, année où elle a échoué à conquérir la mairie de Rome.

Cette oratrice de talent qui sait parler aux tripes des Italiens en cultivant son accent populaire typique de Rome, peut aussi se montrer cassante, voire agressive. Et tombe parfois dans le mauvais goût, comme dans cette vidéo postée le jour des élections sur TikTok où elle se montre, en référence à son nom de famille, avec deux melons dans les mains au niveau de ses seins.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Giorgia Meloni, l’ex-fan de Mussolini devenue Première ministre

S'ABONNER
Partager
S'abonner