France. Bras de fer entre les magistrats et le patron de la police

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Les deux principaux syndicats de magistrats ont jugé lundi « gravissimes » les propos du patron de la police nationale selon qui « avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison », et appelé les garants de l’indépendance de la justice à « réagir ».

Le directeur général de la police nationale (DGPN) a dit dimanche souhaiter voir libéré un policier de la BAC de Marseille incarcéré dans le cadre d’une enquête sur des violences policières commises en marge des émeutes début juillet, des propos qui continuent de susciter l’indignation.

« De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail », a déclaré Frédéric Veaux dans un entretien au Parisien.

« Le DGPN, sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, fait pression sur l’autorité judiciaire dans une affaire individuelle. Gravissime. Strike pour l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et l’égalité devant la loi. Le Président de la République doit réagir », a tweeté lundi le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche).

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« Il y a un principe fondamental dans une démocratie: la loi est la même pour tous. Les policiers qui commettent des infractions dans l’exercice de leurs fonctions sont passibles de sanctions pénales », comme les autres justiciables, a souligné auprès de l’AFP la présidente du SM, Kim Reuflet.

« On trouve cela très choquant que le DGPN fasse ouvertement pression dans une affaire individuelle. C’est par ailleurs une prise de parole institutionnelle qui porte atteinte à l’autorité de la justice », a-t-elle estimé.

Les propos du patron de la police nationale sont « scandaleux » et « gravissimes dans un état de droit », a également réagi Cécile Mamelin, vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

« C’est stérile et dangereux. On attend une réaction au plus haut niveau de l’Etat pour remettre les pendules à l’heure », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Une détention provisoire répond à des critères précis, légaux », a rappelé Cécile Mamelin. Comme la mise en examen, « c’est une décision de justice qui ne préjuge en rien de la culpabilité et qui peut faire l’objet de voies de recours », a-t-elle ajouté.

La détention provisoire répond à des critères stricts, fixés par l’article 144 du code de procédure pénale. Elle peut être ordonnée par exemple pour empêcher une pression sur les témoins ou les victimes, ou une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs.

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