Études, essais, efficacité… le point sur les vaccins anticovid-19 développés au Maroc

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Le roi a annoncé hier, lundi 9 novembre, une opération massive de vaccination contre le covid-19 dans les prochaines semaines. Quand le vaccin sera-t-il prêt? Où en sont les essais cliniques? Qui en bénéficiera en premier? Qu’en pensent les spécialistes? H24Info fait le point. 

Le roi a présidé hier, lundi 9 novembre 2020, au Palais Royal de Rabat, une séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre le covid-19. Dans le communiqué du palais royal qui s’en est suivi, on apprend que le monarque a donné ses instructions « en vue du lancement, dans les prochaines semaines, d’une opération massive de vaccination contre le covid-19 ».

La vaccination doit commencer au mois de décembre

Selon des spécialistes, la vaccination doit débuter au plus tôt, le mois prochain, au plus tard en janvier. « Pour la première étape de cette campagne, il s’agit du vaccin chinois de Sinopharm pour lequel le Maroc a participé à la troisième phase des essais cliniques. La livraison est prévue très prochainement et la vaccination sur le terrain doit commencer au mois de décembre », informe Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération Nationale de la Santé (FNS).

« Le ministère de la Santé a déjà entrepris les démarches de préparation. Maintenant, ils vont les appliquer sur le terrain en installant des stations de vaccination, mobilisant des ressources humaines, des vaccinateurs, etc., pour lancer l’opération au plus vite », poursuit le médecin.

Une première commande de 10 millions de doses du vaccin chinois fabriqué par le laboratoire Sinopharm est attendue au Maroc durant le mois de décembre. Ce vaccin est considéré actuellement par les chercheurs comme l’un des plus prometteurs sur les 200 projets de recherche de vaccins lancés ces derniers mois. Il a d’ailleurs été administré à des millions de Chinois dès la phase III de son expérimentation.

 

Lire aussi : Covid-19/Vaccin chinois: le Maroc recevra 10 millions de doses en décembre

 

Outre le laboratoire chinois, le Maroc a également signé une convention avec le groupe britannique AstraZeneca, soit une commande de 17 millions de doses avec une option de trois millions de doses supplémentaires. A la suite de ses essais cliniques, le laboratoire avait conclu à « une réponse immunitaire encourageante ».

Cette campagne de vaccination devrait donc démarrer avec les vaccins de Sinopharm et d’AstraZeneca. D’autre part, le gouvernement est en discussions avec d’autres laboratoires tels que CanSino Bio, Pfizer et Johnson & Johnson.

« Je pense qu’à coup sûr les études et les essais seront concluants. On table sur une production d’un milliard de doses en 2021 par la Chine pour le seul vaccin de Sinopharm. Donc la production de vaccins en Chine se fera en milliards, tous laboratoires compris », commente Dr. Hamdi.

 

Le vaccin chinois « est parfaitement toléré » au Maroc

Au Maroc, des essais du vaccin chinois Sinopharm ont été menés auprès de 600 volontaires accueillis au sein de trois structures hospitalières, les CHU de Rabat et de Casablanca ainsi que l’hôpital militaire de Rabat. Le communiqué royal diffusé hier soir assure que « selon les résultats des études cliniques déjà achevées ou toujours en cours, la sécurité, l’efficacité et l’immunogénicité du vaccin ont été prouvées ».

« Sur toutes les personnes vaccinées au Maroc, le vaccin est parfaitement toléré. Il n’y a pas eu d’effets indésirables graves ou de conséquences particulières, seulement de petits effets comme on en voit pour n’importe quel vaccin », confirme Pr. Marhoum, épidémiologiste et chef du service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca. « Concernant l’efficacité, pour l’instant, on ne peut pas encore se faire une idée très précise car nous n’avons pas la main dessus. Ce sont les Chinois qui collectent toutes les données et vont diffuser les résultats au fur et à mesure », ajoute-t-il.

« A priori, le Maroc utilisera le vaccin de Sinopharm mais il faut d’abord prendre connaissance des résultats chez les analystes en Chine qui collectent toutes les data. De notre côté, nous avons seulement des données sur la tolérance, mais celles sur l’immunité et le dosage des anticorps sont collectées par les Chinois. Elles doivent être mises en perspective avec les autres données collectées dans les autres pays qui participent à l’étude », renchérit le professeur.

 

Lire aussi : Virus: le vaccin AstraZeneca/Oxford entraîne une « réponse immunitaire encourageante »

 

D’ailleurs, une fois vacciné, il faut attendre quelques semaines pour être totalement protégé contre le virus, nous expliquent les spécialistes interrogés, tout en sachant qu’il est nécessaire d’établir deux injections à trois semaines d’intervalles. « Normalement, on est protégé après la deuxième dose de vaccination, environ trois/quatre semaines après. Même si certaines personnes peuvent développer une petite protection dès la première dose, la seconde dose est la plus importante car c’est elle qui va faire grimper de façon significative les anticorps », explique Marhoum.

Avec une commande de 10 millions de doses et deux injections par personne, cela donne une couverture de 5 millions de Marocains vaccinés lors de cette première livraison. Une quantité qui permettra en priorité de vacciner « les personnes en première ligne, en l’occurrence, le personnel de Santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation nationale, ainsi que les personnes âgées et les personnes vulnérables au virus, avant de l’élargir au reste de la population », conformément au communiqué royal.

La vaccination élargie au reste de la population devrait prendre quatre mois, confirme Dr. Hamdi qui souligne l’importante logistique que nécessite cette campagne de vaccination. « Il faut déjà établir une liste de citoyens à vacciner en priorité, avant même le démarrage de la vaccination, car c’est un vaccin qui nécessite une prise en charge précise avec une chaîne de froid et un délai de réception des vaccins à respecter », illustre l’expert.

 

« Pas d’immunité communautaire avant l’été 2021 »

Si l’annonce royale d’hier soir est « une bonne nouvelle » au regard de notre situation épidémiologique actuelle, Dr. Hamdi souhaite sensibiliser la population à l’importance toujours primordiale de respecter les gestes barrières, et ce, « au minimum jusqu’à l’été 2021 ».

« Même si on commence à vacciner en décembre, et qu’on a l’arrivage d’autres vaccins en janvier, février, mars, même dans les schémas les plus optimistes, on ne peut pas parvenir à une protection de la population avant l’été 2021. Le respect des mesures sanitaires de prévention reste donc de rigueur. Il ne faut pas que cette information provoque un relâchement des gestes barrières de la population », alerte le professionnel pour qui « il n’y aura pas d’immunité communautaire avant l’été 2021 ». « On peut être vacciné et être protégé soi-même mais il y aura des personnes non-vaccinées qu’il faut continuer à protéger ».

De son côté, Pr. Marhoum reconnaît que « le vaccin est une solution très attendue », qui devient « urgente ». En effet, « pour pouvoir contrôler cette épidémie », il faut désormais développer des solutions qui « vont au-delà des mesures de prévention habituelles », estime le professeur. Et d’espérer: « Si on arrive à vacciner et que le résultat est satisfaisant, on fera l’économie d’un reconfinement. Ce sera autant de gagner pour notre économie et notre pays ».

Quant à son prix, le vaccin devrait être mis gratuitement à disposition des ramédistes et pour les assurés, le dossier est en cours pour que ce vaccin soit remboursable à 100%.

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