Défaillances: les entreprises marocaines rattrapées par la crise

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Si de nombreuses entreprises ont réussi à « échapper » tant bien que mal au dépôt de bilan en fin de l’année écoulée, certaines ont été rattrapées à fin mars dernier pour rejoindre les rangs de celles qui ont mis la clé sous le paillasson.

Après une baisse surprise des défaillances d’entreprises au Maroc en 2020, 2.694 entreprises ont fait faillite à fin mars 2021, soit 15% de plus par rapport à la même période un an auparavant, selon Inforisk, spécialiste marocain du renseignement commercial.

« Cette situation est due principalement à un effet de rattrapage. Le ‘stock’ de procédures dans les tribunaux de commerce a dû être rattrapé et le nombre de défaillances a recommencé à augmenter », a expliqué Amine Diouri, directeur des études et de la communication chez Inforisk D&B, dans un entretien accordé à la MAP.

D’après lui, la probabilité que l’impact de la crise sur les entreprises s’accélère dans les prochains mois est très élevée. « Avec la fin des soutiens financiers aux entreprises, une augmentation minimum de 65% du nombre de défaillances est attendue d’ici fin juin », a estimé M. Diouri.

Et de soutenir que le manque de visibilité sur l’évolution de l’activité en 2021, que ce soit sur le marché local ou sur les marchés extérieurs est aussi un facteur déterminant dans la résistance à la crise.

« Une analyse échantillon sur des entreprises opérant dans le secteur touristique démontre le pessimisme de ces opérateurs qui envisagent une baisse de l’activité surtout avec la fermeture des frontières avec plusieurs pays », a-t-il indiqué.

 

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Par secteur, M. Diouri relève que le commerce, le bâtiment et travaux publics (BTP) et l’immobilier sont les plus touchés, notant que les branches d’activité comme l’hôtellerie/restauration, les agences de voyage et les services de locations de voitures ne sont non plus épargnés.

Par structure, les très petites entreprises (TPE) sont les plus exposées car les plus fragiles. « 99% des TPE sont défaillantes en temps normal, cette même proportion est maintenue en ce temps de crise liée à la pandémie de coronavirus », a fait savoir M. Diouri, notant que les TPE font face à plusieurs difficultés liées principalement à l’accès au financement et à la hausse des délais de paiement.

Pour lui, la seule chance pour les entreprises est de reprendre une activité normale, qui dépend de la campagne de vaccination à l’échelle nationale et internationale.

De son côté, Driss Effina, économiste, a relevé que la problématique des défaillances des entreprises ne date pas d’hier et de ne dépend pas de la crise.

« De nombreuses entreprises avaient des problèmes structurelles même avant la crise due au covid-19 », a indiqué M. Effina dans une déclaration à la MAP, notant que les entreprises, qui ont subi effectivement des problèmes suite à la baisse de l’activité de leurs secteurs et de la demande lors de cette crise sans précédent, doivent être accompagnées pour survivre, en particulier celles opérant dans le secteur du tourisme.

 

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Rappelant le dispositif mis en place par le gouvernement durant la crise, M. Effina qui est également président du Centre indépendant des analyses stratégiques, a estimé qu’un traitement par secteur selon sa nature est nécessaire, surtout qu’il y a des secteurs qui ont gagné de la crise.

« Il faut être rationnel et traiter les cas urgents qui ont subi des difficultés lors de la crise due à Covid-19 », a-t-il dit.

Quant à la relance, M. Effina a relevé que certains indicateurs démontrent une reprise globale de l’activité sans revenir aux niveaux d’avant crise, mais tant qu’il y a des restrictions au niveau international, la reprise va rester limitée.

A rappeler que le Comité de Veille Économique (CVE) a pris un ensemble de mesures en faveur des entreprises touchées par cette pandémie, notamment les petites et moyennes entreprises (PME) et les TPE pour apporter le soutien nécessaire à l’économie nationale.

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