Changement climatique: le Maroc menacé par les invasions de criquets

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Un homme tente de repousser un essaim de criquets d'un manguier. ©AFP - Vishal Bhatnagar

Les vents et les pluies extrêmes dues aux changements climatiques pourraient entraîner des invasions de criquets pèlerins plus importantes et plus graves, selon une étude. Des experts ont constaté que 10 pays, dont le Maroc, ont connu la majorité des crises acridiennes.  

L’étude, publiée mercredi dans « Science Advances », indique que ces invasions seront « de plus en plus difficiles à prévenir et à contrôler dans un climat en réchauffement ».

L’auteur de l’étude, Xiaogang He, professeur assistant à l’Université nationale de Singapour, espère qu’elle pourra aider les pays à comprendre et à traiter « les impacts de la variabilité climatique sur la dynamique acridienne, en particulier dans le contexte de ses répercussions sur la productivité agricole et la sécurité alimentaire ».

Une meilleure coopération régionale et continentale entre les pays et les organisations de lutte pourrait, selon les auteurs de l’étude, répondre rapidement à ces crises et construire des systèmes d’alerte précoce.

Pour évaluer le risque d’invasions acridiennes en Afrique et au Moyen-Orient et le lien avec le changement climatique, les scientifiques ont analysé les incidents d’invasions de criquets pèlerins de 1985 à 2020 à l’aide de l’outil de données Locust Hub de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ils ont créé et utilisé un cadre basé sur des données pour examiner les schémas acridiens afin de découvrir ce qui peut provoquer des invasions sur de longues distances.

Ils ont constaté que 10 pays, dont le Kenya, le Maroc, le Niger, le Yémen et le Pakistan, ont connu la majorité des crises acridiennes parmi 48 pays touchés. La pire invasion de criquets pèlerins depuis 25 ans a frappé l’Afrique de l’Est en 2019 et 2020, lorsque ces insectes ont ravagé des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles et endommagé les cultures, les arbres et autres végétaux, affectant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.

Les chercheurs ont également découvert un lien étroit entre l’ampleur des invasions acridiennes et les conditions météorologiques et terrestres telles que la température de l’air, les précipitations, l’humidité du sol et le vent. Les criquets pèlerins sont plus susceptibles d’infester les zones arides qui reçoivent des pluies soudaines et extrêmes, et le nombre d’insectes lors d’une infestation est fortement influencé par les conditions météorologiques.

Le criquet pèlerin touche certaines zones sèches d’Afrique du Nord et de l’Est, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud. Cet insecte migrateur se déplace par millions sur de longues distances et endommage les cultures, provoquant famine et insécurité alimentaire.

La FAO le décrit comme « le ravageur migrateur le plus destructeur au monde ». Un essaim d’un kilomètre carré pourrait comprendre 80 millions de criquets qui peuvent en une journée consommer suffisamment de cultures vivrières pour nourrir 35 000 personnes.

Les invasions acridiennes majeures peuvent avoir d’énormes conséquences financières. Selon la Banque mondiale, la réponse à une invasion acridienne survenue en Afrique de l’Ouest entre 2003 et 2005 a coûté plus de 450 millions de dollars. La crise a causé des dégâts aux cultures estimés à 2,5 milliards de dollars, selon la même source.

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