Un blogueur russe de 22 ans, Rouslan Sokolovski, a été condamné, jeudi à une peine de trois ans et demi de prison avec sursis pour avoir chassé des Pokémon dans une église, avant de poster sur Internet une vidéo de sa quête ludique. Le jeune homme a été notamment reconnu coupable «d’incitation à la haine» et «d’insulte aux sentiments des croyants». Pour sa part, le procureur avait requis trois ans et demi de prison ferme.
Athée revendiqué, Rouslan Sokolovski s’était dit ulcéré par une émission télévisée expliquant qu’il était juridiquement risqué de jouer à Pokémon Go dans une église. Il avait choisi l’an dernier de relever le défi dans la cathédrale d’Ekaterinbourg, dans l’Oural, construite sur le lieu où avait été assassinée en 1918, la famille du tsar Nicolas II. Il s’y était filmé attrapant plusieurs créatures virtuelles avec en bande-son une musique reprenant une fausse prière ponctuée de jurons. Parmi les déclarations jugées offensantes, celle où il dit regretter de «n’avoir pas pu attraper le Pokémon le plus rare de tous: Jésus» et où, selon le jugement, il «attribue, mal à propos, la figure de Jésus à celle d’un Zombie».
Une vidéo non censurée, vue à ce jour, 1,9 million fois
Il avait publié sa vidéo sur YouTube en août 2016 qui est devenue virale (voir ci-dessous). À ce jour, le document a été vu 1,9 million de fois et curieusement n’a pas été censuré. Il avait été arrêté dans la foulée, puis incarcéré trois mois à titre préventif. L’Église orthodoxe l’avait accusé de blasphème. Au fur et à mesure de l’instruction, la justice russe avait élargi le champ de l’inculpation. À la chasse aux Pokémon, elle avait ajouté des vidéos où Rouslan Sokolovski s’en prenait, selon l’acte d’accusation, aux musulmans, aux féministes ainsi qu’au patriarche Kirill.
Le jeune blogueur a été notamment condamné en vertu de la même loi qui avait été votée en réponse à la performance du groupe Pussy Riots dans la grande basilique moscovite du Saint Sauveur en 2012, et qui avait fait scandale dans le pays. Vêtues de collants multicolores, les trois jeunes femmes avaient entamé une danse anti-Poutine, dénoncée par le président russe comme une «séance de sexe collectif», susceptible de heurter «les sentiments des croyants». À l’époque, et faute de qualification juridique appropriée, deux de ses membres avaient été condamnées à deux ans de prison pour «hooliganisme». Dans le cas de Rouslan Sokolovski, le président du Conseil des droits de l’homme auprès du Kremlin avait appelé à la clémence, en qualifiant cette affaire de «triviale».