Baptême de feu réussi pour le rival chinois d’Airbus et Boeing

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Le C919, un moyen-courrier conçu par l’avionneur chinois Comac, a décollé pour la première fois ce vendredi. Une avancée technologique pour l’entreprise chinoise qui espère rivaliser avec le duopole Airbus-Boeing.

L’appareil, capable de transporter 168 passagers sur une distance de 5.550 km, a décollé depuis l’aéroport international de Shanghai, pour un vol d’essai censé durer une heure et demie. L’appareil, blanc, bleu et vert avec la mention «C919» peinte sur l’empennage, a quitté le sol comme prévu à 14h00 heure locale, (9h00 à Paris), sous les cris et les applaudissements de milliers de personnes rassemblées le long de la piste de décollage. Le trafic aérien avait été restreint pour l’occasion.

Ce moyen-courrier symbolise les ambitions aéronautiques chinoises. Le C919, construit par le chinois Comac, est le plus gros avion commercial conçu par la Chine, mais également du premier rival chinois sérieux pour les constructeurs Airbus et Boeing. Le président chinois, Xi Jinping, reconnaissait en 2014 la nécessité pour le prestige de son pays d’avoir des avions «made in China», afin de ne pas être «à la merci des autres».

L’objectif de détrôner le duopole euro-américain semble toutefois ambitieux. Boeing et Airbus sont pour l’heure bien implantés sur le marché chinois, qui devrait devenir en 2024 le premier marché mondial du transport aérien, devant les Etats-Unis. Avec une demande dopée par l’essor de la classe moyenne, la Chine aura besoin de 6.800 avions de ligne sur les vingt années à venir, anticipe Boeing. Cette prévision nourrit l’espoir de Comac de s’imposer comme un rival sérieux.

Feu vert indispensable pour survoler les Etats-Unis

Le chemin s’annonce toutefois semé d’embûches. Shukor Yusof, analyste du cabinet Endau Analytics, reconnaît: «Ce sera extrêmement difficile de percer pour Comac: Airbus et Boeing verrouillent le marché des avions commerciaux, avec une longue histoire derrière eux et des produits éprouvés de longue date (…) Or la crédibilité est cruciale» pour convaincre les acheteurs potentiels. Si les compagnies chinoises ont déjà confirmé leur intérêt pour le C919 (570 commandes avaient été enregistrées fin 2016), Comac devra désormais convaincre au-delà de ses frontières.

Par ailleurs, l’obtention de la précieuse certification de l’Administration aéronautique américaine devrait également être ardue. Ce feu vert est indispensable pour survoler les Etats-Unis et par extension s’imposer pour les avions destinés à des vols internationaux. La procédure devrait prendre au mieux «entre quatre et sept ans», d’après un des responsables de l’Agence de sécurité aérienne européenne. Comac devra donc patienter.

Soucieux de rattraper son retard technologique, Pékin a mis sur pied l’an dernier un conglomérat spécialisé dans la fabrication de réacteurs, avec un capital avoisinant 7 milliards d’euros et 100.000 employés, dans l’espoir de concurrencer les poids lourds Rolls-Royce et General Electric. Comac projette également de développer d’ici 2022 un appareil long-courrier de 280 places, capable de parcourir 12 000 km de distance. Un moyen de rivaliser encore davantage avec Airbus et Boeing.

Emmanuelle Oesterle (Le Figaro)

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