Tirs de projectiles à Smara: une revendication mitigée et des zones d’ombre

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Débris des roquettes tirées sur la ville de Smara / DR
Débris des roquettes tirées sur la ville de Smara / DR

Pourquoi le Polisario a-t-il si longtemps attendu avant de revendiquer à demi-mot l’attaque qui, rappelons-le, a coûté la vie à un jeune marocain et causé de graves blessures à deux autres à Smara ? Plusieurs hypothèses ont le mérite d’être examinées à cet effet.

Tard dans la soirée du dimanche, soit près de vingt-quatre heures après les tirs ayant atteint la ville de Smara, le Polisario s’est fendu d’un communiqué où il est avoué que « quatre unités » de sa prétendue armée « ont bombardé avec de l’artillerie » les forces marocaines dans « les secteurs de Mahbès, Smara et Farsia ».

La milice ajoute qu’elle « continue de harceler l’ennemi, causant et infligeant des pertes dans l’arsenal et des pertes dans les rangs de l’armée d’occupation ». La teneur dudit communiqué, dénuée de toute référence aux victimes civiles, et encore moins à la nature des armées employées, mais incluant seulement la ville de Smara dans les zones ciblées, trahit la position désormais délicate où se trouve le Polisario.

Une grille de lecture de son communiqué peut se lire comme suit: n’ayant pas prédit des dégâts humains parmi les civils dans leur attaque de la nuit du 28 au 29 octobre 2023, et conscients de l’ampleur des conséquences qui s’ensuivraient, les nervis du Polisario n’ont dû assumer qu’implicitement leur agression pour garder l’alibi du démenti en cas de riposte marocaine.

Avant que les séparatistes ne sortent tardivement du silence, la vidéo d’un milicien cagoulé a fait tache d’huile le lendemain matin des tirs, sur les réseaux sociaux. Dans un extrait d’un peu plus de deux minutes, il annonce qu’une attaque contre les soldats marocains prenant position le long du mur de défense est imminente, et sera revendiquée au nom d’une organisation totalement méconnue auparavant se faisant appeler « mouvement armé des fils des martyrs ».

« Nous ne sommes pas comme le Polisario. Notre loi est ferme. Contrairement au Polisario qui prend soin des otages, notre mouvement les tue », menace-t-il. Cette volonté à peine dissimulée de blanchir les séparatistes serait, dans ce cas de figure, l’œuvre du Polisario lui-même qui tenterait de se départir de sa responsabilité en attribuant la mort des civils à une autre « organisation » qui n’aurait, probablement, aucune existence en soi.

Si le communiqué du le Procureur général du Roi près la Cour d’appel de Laâyoune annonce qu’une équipe d’enquête est en train de réaliser des expertises techniques et balistiques pour identifier l’origine et la nature des projectiles, les débris documentés font vraisemblablement état d’un tir réalisé au moyen de roquettes russes « Grad », que l’Algérie aurait éventuellement fourni à son « protégé » par le passé.

A cet égard, l’analyste militaire Abdelhamid Harifi avait expliqué à H24info, hier avant la diffusion par les séparatistes du communiqué, que Smara est à 40 kilomètres du mur et que s’il est amélioré, le Grad peut atteindre jusqu’à 45km de portée.

« Il est fort probable que l’attaque soit opérée de l’intérieur du Maroc. Si c’est le Polisario, ils s’attaquent aux civils et donnent la possibilité au Maroc de faire avancer le mur », relève -t-il. La possibilité d’une attaque menée depuis le sol marocain nous a été également confirmée par une autre source militaire.

Il pourrait également s’agir d’une tentative de diversion ratée de la part des séparatistes à quelques jours seulement de la session finale du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara, au cours de laquelle le rôle de l’Algérie sera de nouveau pointé du doigt et les efforts sérieux et crédibles du Maroc mis en avant. En voulant détourner l’attention de l’ONU et de la communauté internationale, le Polisario s’est fait donc tout seul hara-kiri.

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