62% des Marocains estiment qu’il est du devoir de leur épouse de supporter les violences conjugales

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Le rapport de l’ONU Femmes présenté hier, mardi 2 mai à Beyrouth, est pour le moins déstabilisant. 62% des Marocains estiment qu’il est du devoir de leurs épouses de supporter les violences conjugales afin de préserver le foyer familial. Pire encore, près de la moitié des Marocaines sont du même avis. 

Qu’ils soient jeunes ou âgés, la vision est partagée et les hommes continuent de porter un regard ancestral sur les femmes. Les contradictions s’enchaînent. 67% des Marocains souhaitent voir plus de femmes occuper des posts de pouvoir dans le paysage politique du royaume. Et 79% d’entre eux sont anxieux quant à leur avenir et à celui de leurs familles.

Plus de deux tiers des Marocains soutiennent l’égalité dans l’éducation pour les garçons et les filles. L’éducation est un facteur clé quand il s’agit de la compréhension de la violence contre les femmes. Selon le rapport la majorité des hommes sondés ont subi des violences dans leur enfance. Plus de 60% d’entre-eux au sein même de leur maison, et plus de 80% sur les bancs de l’école. Les filles sont moins exposées aux violences au sein des établissements, mais le pourcentage est le même concernant les violences domestiques.
La majorité des Marocains ne voient pas d’inconvénient à ce que les femmes soient actives, autant dans le milieu professionnel que politique. La moitié d’entre eux prônent l’égalité des chances dans l’accès à l’emploi pour les femmes mariées.

Pourtant, au Maroc, une femme active ne bénéficiera que rarement de la contribution de son époux dans la gestion du foyer. Elle continuera de gérer maison et boulot. De leur coté, les époux s’octroient le droit de prendre seuls les décisions relatives à la famille. Selon le rapport, relayé par Akhbar Al Yaoum, ces habitudes commencent dès l’enfance, et restent ancrées dans l’esprit des enfants qui perpétuent le modèle de papa et maman.

Autre conclusion du rapport, l’harcèlement sexuel est le pain quotidien des Marocaines.

Enfin, si on remarque une certaine ouverture d’esprit des Marocains concernant la sphère publique, ils restent très traditionnels quand il s’agit de la sphère privée. Ils reviendraient même à une certaine vision conservatrice concernant la femme et son rôle dans la société.
Le rapport a passé au crible 4 pays arabes: le Maroc, le Liban, l’Egypte et la Palestine. Le but étant de dresser le profil des hommes plus à même de soutenir la parité. Des facteurs économiques, cultuels et sociologiques, différencient les hommes qui soutiennent l’égalité et leurs compatriotes qui s’accrochent à une vision archaïque de la femme.

Les Marocains qui soutiennent le plus les principes de l’égalité et qui plaident pour les droits de la femmes sont issus des couches sociales supérieures, ils ont également reçu une éducation des plus élevées, leur mère ont elle aussi joui d’une meilleur éducation, et leur père participaient aux tâches ménagères perçues traditionnellement comme féminines.

L’études a sondé 2.400 Marocains et Marocaines avec pour objectif de mettre en relief le regard que les hommes portent sur la femme et sur ses droits. C’est la première dans son genre dans la région. Elle a démontré entre autre que dans les 4 pays étudiés, entre 2 tiers et 3 quarts des hommes considèrent que le rôle le plus important de la femme est celui qu’elle occupe à la maison pour préserver le foyer.

Près de la moitié des femmes des 4 pays étudiés cultivent des pensées qui vont à l’encontre de la parité et de leurs droits. Une grande majorité des hommes estime qu’il est de leur devoir de surveiller les faits et gestes des femmes de leur entourage et de leur famille, ainsi que de les dominer. C’est une pratique à laquelle ils ont été habitué dès l’enfance.

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