Viol présumé de Zefzafi: la défense «exige une réaction du Parquet»
Publié leAsmae El Ouadie, l’une des avocats de Nasser Zefzafi, revient avec nous sur les accusations de viols et de torture portées par son client contre les policiers chargés de l’interroger. Elle demande une expertise médicale et exige une réaction du Parquet.
H24info: le leader du Hirak, Nasser Zefzafi, a porté des accusations très graves à l’encontre des agents de la police chargés de l’interroger. Il dit avoir été victime de torture. En tant qu’avocats, étiez-vous au courant de cela ?
Asmae El Ouadie : Evidemment, nous étions au courant et dès les premiers jours. En tant qu’avocats de la défense, nous avons demandé d’effectuer une expertise médicale pour tous les mis en cause dans ce dossier. Nos clients affirment qu’ils ont été victimes de torture durant les interrogatoires, ce qui va à l’encontre des engagements internationaux du Maroc et de la loi marocaine. Nous avons demandé au Parquet de prendre au sérieux les accusations des détenus mais rien n’a été fait jusqu’à présent. Le procureur s’est contenté de nier et d’attester que la police marocaine n’a plus recours à de telles méthodes en balayant ces accusations d’un revers de la main.
Selon les détenus, quels type de torture a été utilisé contre eux durant l’interrogatoire ?
On peut parler de torture systématique et méthodique. Tous les accusés déclarent avoir souffert d’une forme ou d’une autre de torture durant les interrogatoires dans le but de les humilier. Nasser Zefzafi, par exemple, a dévoilé au juge que les agents qui l’interrogeait ont inséré leurs doigts puis un bâton dans son postérieur. Certains d’entre eux ont commencé à faire des youyous après que le sang ait coulé de son fessier dans l’unique but de l’humilier et de l’affecter moralement. Ces accusations portent atteinte à l’image du Maroc et à ses institutions et le discrédite au niveau international. Il n’est plus tolérable dans notre pays qu’un détenu subisse de tels actes. Et ce n’est pas tout, Zefzafi a toujours une blessure au niveau de la tête qu’il n’avait pas lors de son arrestation et cela prouve qu’il a dû être victime de coups de la part de ses interrogateurs. La défense a inscrit cela au procès-verbal de l’audience et on en reparlera durant les prochains rounds du procès et lors de nos plaidoiries.
Quelle a été la réaction du Procureur général et du juge en entendant Zefzafi porter de telles accusations à l’encontre des éléments de la police judiciaire?
Le procureur a répondu au sujet de l’eau contaminée dans la cellule de Zefzafi mais pas sur la torture. Sa réaction a été de ramener une bouteille d’eau et de la boire devant toute la salle et pour lui cela est suffisant pour discréditer et démolir l’accusation de Nasser mais rien ne prouve que l’eau provienne de la cellule de Zefzafi. Nous avons demandé que l’eau soit sujette à une expertise. Pour ce qui est de la torture, le procureur n’a pas répondu mais je pense que lors de la prochaine audience, il répondra à ce point tout en espérant qu’il aura une réaction plus professionnelle que celle de l’affaire de l’eau contaminée de la cellule. Le juge, quant à lui, s’est contenté d’écouter et de noter les propos de Zefzafi sans réagir. De toute façon, ce n’est pas à lui de répondre aux accusations mais plutôt au Parquet.