Venezuela: Maduro expulse l’ambassadeur d’Allemagne pour «ingérence»
Publié leLe président vénézuélien contre-attaque face à la communauté internationale qui soutient son opposant Juan Guaido. Mercredi, les États-Unis ont accentué la pression sur Maduro en révoquant les visas de 77 membres de son entourage.
L’ambassadeur d’Allemagne à Caracas est prié de quitter le pays «dans les 48 heures», a annoncé ce mercredi la vice-présidence du Venezuela dans un communiqué.
Une expulsion qui fait suite à la décision du diplomate allemand, Daniel Kriener, d’accueillir Juan Guaido, l’opposant de Nicolas Maduro, à sa sortie de l’avion lundi dernier alors que le président autoproclamé était de retour de Colombie.
«Le Venezuela juge inacceptable qu’un diplomate étranger exerce un rôle public proche de celui d’un responsable politique aligné sur le complot de secteurs extrémistes de l’opposition vénézuélienne», a déclaré la vice-présidence.
Pour Juan Guaido, qui présidait mercredi une réunion de l’Assemblée nationale, l’expulsion de Daniel Kriener, accusé «d’ingérence dans les affaires intérieures» du pays, est «une menace contre le monde libre». «Il semble que le régime de (Nicolas) Maduro ne pardonne pas à ceux qui souhaitent aider le Venezuela», a-t-il déclaré.
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Le ministre allemand des Affaires étrangères allemand a, lui aussi, condamné la décision du Venezuela, qui selon lui «aggrave la situation». «Il s’agit d’une décision incompréhensible, qui aggrave la situation et ne contribue pas à la détente», a déclaré Heiko Maas dans un bref communiqué.
«Notre soutien, le soutien de l’Europe, pour Juan Guaido reste intact. L’ambassadeur Kriener a fait un excellent travail à Caracas, en particulier ces derniers jours», a ajouté le ministre.
À ce stade, seul l’ambassadeur allemand a fait l’objet d’une mesure d’expulsion. Mais la sanction assénée par Nicolas Maduro pourrait bien s’étendre aux douze autres représentants occidentaux et latino-américains venus accueillir Juan Guaido à l’aéroport «comme témoins de la démocratie et de la liberté, afin que le président Guaido puisse rentrer», selon les mots de l’ambassadeur de France à Caracas, Romain Nadal.
Dans un message posté le soir même sur Twitter, le président par intérim avait «remercié» les représentants «qui ont accompagné notre retour au Venezuela, témoignant du ferme engagement du monde envers notre démocratie».
Outre l’Allemagne, il avait cité les ambassadeurs de France, d’Espagne, du Portugal, des Pays-Bas, de Roumanie, du Canada, du Chili, d’Argentine, du Brésil, du Pérou et des représentants de l’Equateur et des Etats-unis.
Nicolas Maduro face aux Etats-Unis
Cette décision vient durcir un peu plus les relations entre Nicolas Maduro et le reste de la communauté internationale dont plus de 50 pays reconnaissent son opposant comme président par intérim. En particulier avec les États-Unis qui ont une nouvelle fois manifesté leur volonté de pousser le président à quitter le pouvoir.
«Aujourd’hui, le département d’État annonce que les États-Unis vont révoquer 77 visas, dont ceux de nombreux responsables du régime Maduro et des membres de leurs familles», a déclaré le vice-président américain Mike Pence.
De telles mesures avaient déjà visé plusieurs dizaines de Vénézuéliens depuis plus d’un mois, dont 49 la semaine dernière, alors que Washington tente d’augmenter la pression sur le dirigeant socialiste. «Nous allons continuer à demander des comptes à l’ensemble du régime Maduro jusqu’à ce que la «libertad» soit rétablie au Venezuela», a martelé le vice-président américain, en première ligne des efforts de l’administration de Donald Trump en faveur de l’opposant Juan Guaido.
«Maduro s’accroche au pouvoir uniquement grâce à la brutalité de ses soutiens et à l’aide qu’il reçoit du régime communiste de Cuba», a-t-il insisté.
Alors que les options américaines semblent limitées tant que le dirigeant socialiste conserve l’appui de l’état-major des forces armées de son pays, la Maison Blanche avait auparavant annoncé qu’elle sanctionnerait les «institutions financières étrangères» qui apporteraient un soutien au camp Maduro.
«Les États-Unis avertissent les institutions financières étrangères qu’elles encourront des sanctions si elles sont impliquées dans une aide à des transactions illégales bénéficiant à Nicolas Maduro et à son réseau corrompu», a écrit le conseiller présidentiel à la sécurité nationale, John Bolton, dans un communiqué. «Nous ne laisserons pas Maduro voler les richesses du peuple vénézuélien», a-t-il ajouté.
Autre événement qui pourrait détériorer les relations entre le Venezuela et les États-Unis, l’arrestation de Cody Weddle un journaliste américain. Mercredi matin, ce correspondant de divers médias basés aux États-Unis, dont la chaîne ABC et le quotidien The Miami Herald, a été interpellé à son domicile à Caracas et emmené en un lieu inconnu.
«La Direction des renseignements militaires s’est présentée à son domicile pour lui poser des questions sur sa couverture à la frontière» le 23 février, a rapporté à l’AFP Caros Corres de l’ONG Espacio Público. Personne n’avait pu localiser le journaliste, résidant à Caracas depuis plusieurs années, en fin d’après-midi.
La secrétaire d’Etat américaine adjointe chargée des Amériques, Kimberly Breier, a fait état dans un tweet de sa «profonde inquiétude» et demandé «la libération immédiate du journaliste, sain et sauf». Elle a accusé Nicolas Maduro de «préférer étouffer la vérité plutôt que de lui faire face».