Qui est Said Chaou, le «mercenaire de l’agitation» au Rif?

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Capture d'écran d'un Facebook Live de Said Chaou, vendredi 24 juin 2017

Retour sur le parcours de Said Chaou, cet homme accusé par les autorités d’être un «mercenaire de l’agitation» au Rif pour «recréer une situation favorable à ses activités criminelles».

Une crise diplomatique entre le Maroc et les Pays-Bas a éclaté samedi à cause de l’implication de Said Chaou « dans le financement et le soutien logistique à certains milieux au Nord du Maroc ».

Un jour auparavant, ce « trafiquant notoire d’origine marocaine résidant aux Pays Bas » a fait une sortie médiatique sur les réseaux sociaux dans laquelle il fustige les autorités marocaines, tout en affichant son soutien au Hirak, le mouvement de contestation à Al Hoceima.

Mais quel est le parcours de cet homme qualifié par le dernier communiqué de la diplomatie marocaine de «mercenaire de l’agitation» et accusé d’«agir pour recréer une situation favorable à ses activités criminelles»?

Ancien député et cousin d’Ilyas El Omari
Originaire d’Al Hoceïma, Chaou a émigré aux Pays-Bas dans les années 1980. Après y avoir fait fortune grâce au commerce des coffee shops, ce cousin d’Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM, revient s’installer au Maroc en 2003.

Said Chaou s’essaie à la politique en 2007. Il devient alors député sous les couleurs du petit parti Al Ahd qui fusionnera avec le PAM en 2008. A l’époque, Ilyas El Omari en fait son protégé et le présente comme un membre de la diaspora rifaine revenu dans son pays pour y investir.

Deux mandats d’arrêt internationaux
En 2010, le démantèlement du réseau de trafiquants dirigé par Najib Zaimi, son associé aux Pays-Bas, lui fait perdre son siège de député.

Said Chaou est accusé d’avoir fourni au narcotrafiquant condamné à la peine de mort un Zodiac très puissant importé des Pays-Bas et dont le coût s’élève à plus d’un million de dirhams. Un matériel qui a servi, selon le tribunal, à «15 opérations de trafic de drogue vers les rives espagnoles».

Dans cette affaire, quelque 38 personnes seront condamnées à des peines allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Chaou, qui se trouvait au moment des arrestations à Rosendael, où résident sa femme et ses enfants, ne reviendra plus jamais au Maroc.

Il fera ainsi l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice marocaine, pour « association de malfaiteurs » depuis 2010, et « trafic international de stupéfiants » depuis 2015.

Il purgera toutefois quatre mois de prison ferme aux Pays-Bas en 2015 après qu’il s’est avéré que ses coffee shops écoulaient plus que les 500 g de cannabis autorisés chaque jour par la loi. Lors de leur perquisition, les autorités locales saisiront ainsi au domicile de Chaou une luxueuse voiture de marque Bentley et trouveront dans sa salle de bain des robinets entièrement faits en or.

Un chantre du séparatisme au Rif
En 2014 dans la ville de Rosendael, Chaou refait parler de lui en fondant le Mouvement du 18 septembre. Une organisation séparatiste rifaine dont le nom renvoie à la date de proclamation, en 1921, de la République du Rif par le résistant Mohammed ben Abdelkrim El Khattabi.

Deux ans plus tard, le Mouvement est régulièrement accusé d’alimenter la contestation populaire au Rif. Dans ce sens, le 6 juin 2017, il soumet à l’attention du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, un mémorandum où il évoque les «assauts menés par les forces coloniales marocaines contre le peuple rifain».

Les leaders du Hirak, notamment Nasser Zefzafi, dernièrement devant les juges, contesteront à plusieurs reprises tout lien avec Chaou.

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