Vidéo. L'Onu approuve à l'unanimité une trêve humanitaire en Syrie, le lendemain les raids aériens ont repris

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Cette trêve humanitaire de 30 jours, acceptée par la Russie, doit permettre la fourniture d’aide aux populations civiles et des évacuations médicales. Mais dimanche matin, les raids aériens continuaient dans la Ghouta. Emmanuel Macron et Angela Merkel vont s’entretenir ce dimanche avec Vladimir Poutine sur l’application de cette trêve.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi à l’unanimité une résolution réclamant «sans délai» un cessez-le-feu humanitaire d’un mois en Syrie, après quinze jours d’atermoiements notamment de Moscou. Le texte adopté, maintes fois amendé, «réclame que toutes les parties cessent les hostilités sans délai pour au moins trente jours consécutifs en Syrie pour une pause humanitaire durable». L’objectif est «de permettre la livraison régulière d’aide humanitaire, de services et l’évacuation médicale des malades et blessés les plus graves».
«Ce n’est pas un accord de paix sur la Syrie, le texte est purement humanitaire», a affirmé l’ambassadeur suédois Olof Skoog, co-signataire du texte avec son homologue koweïtien.
Les chances de voir ce texte respecté restent incertaines puisque l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qui documente le conflit a signalé dimanche matin de nouveaux raids aériens sur la région de la Ghouta orientale après le vote du Conseil de sécurité. «Les raids ont repris dimanche matin, avec deux frappes contre le secteur de Chifouniya, à la périphérie de Douma», la grande ville de la Ghouta orientale, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Malgré le vote en faveur du texte, l’ambassadeur russe aux Nations unies Vassily Nebenzia a douché en partie les espoirs de voir mise en place cette trêve humanitaire, laissant craindre que cette dernière, comme les précédentes, reste lettre morte. «Il est nécessaire que les demandes du Conseil de sécurité soient soutenues par des accords concrets sur le terrain», a-t-il déclaré devant les membres du conseil après le vote.
Dans la négociation, les Occidentaux ont refusé une demande russe pour que tout convoi humanitaire reçoive un feu vert de Damas. Des exclusions au cessez-le-feu pour les combats contre les groupes djihadistes Etat islamique et Al-Qaïda sont également prévues. À la demande de Moscou, elles intègrent aussi «d’autres individus, groupes, entités, associés avec Al-Qaïda et l’EI, ainsi que d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité». Ces exclusions peuvent donner lieu à des interprétations contradictoires, Damas qualifiant de «terroristes» les rebelles soutenus par l’Occident, ont noté des observateurs. Le respect du cessez-le-feu risque par conséquent d’être aléatoire.
Macron et Merkel «extrêmement vigilants sur la mise en œuvre concrète» de la trêve
Tôt dimanche, l’Elysée a annoncé que le président Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel s’entretiendront dans la journée avec le président russe Vladimir Poutine de l’application de la trêve. Le communiqué prévient qu’ils seront «extrêmement vigilants sur sa mise en œuvre concrète». Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian se rendra à cette fin mardi à Moscou, selon l’Élysée. Il examinera avec son homologue russe, Serguei Lavrov tous les moyens de mettre efficacement en œuvre la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies et de relancer les efforts internationaux pour parvenir à une solution politique du conflit», a annoncé sa porte-parole. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a, de son côté, demandé que le cessez-le feu soit appliqué «immédiatement».
Les deux principales factions rebelles de la Ghouta orientale, Djaïch al Islam et Faïlak al Rahman, ont salué l’adoption de la résolution et ont promis de protéger les convois humanitaires qui se rendront dans la zone assiégée par les forces soutenant le régime Assad. Les organisations rebelles se sont engagées à respecter cet arrêt des combats mais ont dit qu’elles répliqueraient à toute violation commise par l’armée syrienne ou par ses alliés.
À la suite d’une demande de garanties de la Russie, le Conseil a prévu de se réunir à nouveau sur ce sujet dans quinze jours pour voir si le cessez-le-feu était bien appliqué. Par ailleurs, la résolution «appelle à la levée immédiate des sièges de zones habitées dont la Ghouta orientale, Yarmouk, Foua et Kefraya».
La mise au point d’un texte par le Conseil de sécurité s’est révélée laborieuse, Koweït et Suède cherchant à éviter un nouveau veto russe. Pendant ce temps, le siège de la Ghouta orientale, un fief rebelle de la banlieue de Damas, a empiré. Plus de 500 civils ont été tués en sept jours de raids du régime dans cette enclave. Ces deux dernières semaines, aucun membre du Conseil de sécurité n’a pris d’initiative pour tenter de mettre un terme à l’«enfer sur Terre», selon les termes d’Antonio Guterres. La pression internationale tardive n’est réellement intervenue que dans les dernières 48 heures.
La situation dans la Ghouta orientale rappelle ce qui s’était passé en décembre 2016 à Alep. La Russie avait alors aussi gagné du temps avant que l’ONU ne contribue à un arrêt du siège de la ville et à son évacuation. L’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari, avait assumé jeudi cette comparaison.
«Oui la Ghouta orientale deviendra un nouvel Alep», mais Alep aujourd’hui, «ce sont des millions de personnes vivant tout à fait normalement», a-t-il dit. Avant de prédire qu’Idleb, autre foyer de guerre, deviendrait aussi à son tour un nouvel Alep. Plus de 13,1 millions de Syriens ont actuellement besoin d’aide humanitaire, dont 6,1 millions de déplacés à l’intérieur du pays depuis le début de la guerre civile il y a sept ans. Le conflit a fait plus de 340.000 morts, sans parler des blessés et des disparus.

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