Présidentielle françaises: Eric Zemmour franchit le Rubicon

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Eric Zemmour, candidat aux présidentielles françaises. DR.

Après avoir fait durer le suspense pendant des mois, le sulfureux polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, chantre de « l’identité française », pourfendeur de l’islam et de l’immigration, va annoncer sa candidature à l’élection présidentielle française mardi midi dans une vidéo.

« Un message aux Français » sera « diffusé sur nos réseaux sociaux », suivi d’une interview au journal télévisé de 20H de la chaîne TF1. A quatre mois et demi de l’élection, l’ancien éditorialiste du quotidien Le Figaro et de la chaîne CNews, la « Fox News française » condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale, se jette dans l’arène à l’issue de plusieurs mois d’une campagne non officielle, menée dans le cadre d’une tournée de promotion de son dernier livre.

Objet d’une exceptionnelle attention médiatique, le polémiste de 63 ans, avant même d’être candidat, avait fait depuis la rentrée une percée fulgurante dans les sondages, devançant même la cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen, finaliste au deuxième tour de l’élection de 2017 face à Emmanuel Macron.

Mais il accumule les revers depuis plusieurs semaines, perdant soutiens et points dans les sondages, qui se tassent autour de 14 à 15% d’intentions de vote au premier tour, et multipliant les dérapages: un discours virulent tenu devant le Bataclan le soir anniversaire des attentats de 2015 à Paris, une visite calamiteuse à Marseille, qui s’est achevée avec un échange de doigts d’honneurs avec une opposante, ou encore un fusil pointé en direction de journalistes lors d’une visite à un salon militaire.

Lire aussi. France: la discrimination à l’embauche à l’encontre des Maghrébins, un phénomène « généralisé »

Centré sur les thématiques de l’immigration et de l’islam, adepte de la théorie du « Grand remplacement », selon laquelle des populations maghrébine et africaine vont se substituer aux peuples européens, défenseur du maréchal Pétain, Eric Zemmour, qui ressasse en boucle l’idée de la mort de « l’identité française », va désormais devoir proposer un programme politique et aborder les questions économiques, sociales, écologiques.

Il tiendra son premier vrai meeting de campagne dimanche après-midi au Zénith de Paris. Des syndicats dont la CGT et des militants antifascistes ont déjà promis une manifestation contre lui.

En se déclarant mardi, le polémiste, qui ambitionne de rassembler les électeurs de droite et d’extrême droite, parasite au passage le processus d’investiture en cours au sein de la droite républicaine, où les militants sont appelés à voter de mercredi à samedi pour choisir parmi cinq prétendants.

Ces derniers tiennent d’ailleurs leur dernier débat à la télévision mardi soir, juste après le journal de 20H au cours duquel M. Zemmour sera interviewé.

Suppression du droit du sol

Les partisans de Zemmour se targuent d’avoir déjà pesé sur les thématiques de la campagne, particulièrement sur la lutte contre l’immigration, sujet de prédilection de l’essayiste, avec ses critiques de l’islam, une « civilisation » qu’il juge « incompatible avec les principes de la France ».

Les prémices de son futur programme promettent un référendum sur l’immigration, la suppression du droit du sol ou du regroupement familial et l’interdiction de porter un premier prénom d’origine étrangère, une proposition qui a suscité l’indignation de la classe politique en France et alimenté les débats pendant plusieurs semaines.

Sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen, dont il a affirmé qu’elle ne gagnerait « jamais » l’élection présidentielle, marque régulièrement sa différence en contestant la « radicalité déplacée » du polémiste, qui selon elle n’a pas fait « sa mue » en candidat. Mme Le Pen, qui s’emploie depuis des années à dédiaboliser son parti et à en gommer les outrances, s’est récemment félicitée du fait que M. Zemmour lui permette de la « recentrer » sur l’échiquier politique.

Ce dernier, qui dit admirer Donald Trump, rappelle l’ancien président américain dans ses provocations et ses dérapages, mais, contrairement au milliardaire républicain, il ne bénéficie pas du soutien d’un grand parti.

La constitution d’un réseau sur le terrain sera d’ailleurs l’un de ses nombreux défis, ne serait-ce que pour obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature à la présidentielle en France. Son camp assure s’appuyer sur 250 à 300 promesses de parrainages.

Il lui faudra aussi récolter des dons pour sa campagne, alors qu’il a déjà perdu le soutien du financier Charles Gave, qui lui a prêté 300.000 euros.

Eric Zemmour est, en outre, accusé d’agressions sexuelles selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par le site d’information Mediapart. Mais aucune plainte n’a été annoncée contre lui.

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