Colombie: fin du désarmement des Farc et du plus vieux conflit des Amériques

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Le désarmement des Farc s’est achevé mardi et le conflit avec cette guérilla est « vraiment » terminé, a proclamé le président Juan Manuel Santos après la remise des dernières armes de la plus ancienne rébellion du continent américain.

« Aujourd’hui, c’est le dernier souffle du conflit (…) Avec cet abandon des armes, le conflit se termine vraiment et une nouvelle phase débute dans la vie de notre Nation », a déclaré le chef de l’Etat et prix Nobel de la Paix 2016, dans une allocution retransmise depuis la zone de Pondores (La Guajira, nord).

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), guérilla marxiste fondée en 1964 à l’issue d’une insurrection paysanne, ont signé la paix en novembre et vont se transformer en parti politique lors de leur congrès national, prévu du 27 août au 1er septembre à Bogota.

« Avec cet évènement, le processus de vérification du cessez-le-feu et du dépôt des armes se termine (…) et débute, également par les Nations unies, la vérification de la réincorporation des Farc à la vie politique, économique et sociale du pays », a souligné Ivan Marquez, l’un des chefs des Farc et ex-négociateur aux pourparlers de paix menés pendant quatre ans à Cuba.

A ses côtés, M. Santos a verrouillé le dernier conteneur qui a quitté, sous supervision de l’ONU, la zone de Pondores, l’une des 26 où les Farc sont regroupées depuis huit mois.

Etape cruciale

Près de 7.000 hommes, femmes et mineurs des Farc ont laissé leurs armes, qui seront fondues en trois monuments érigés à Bogota, au siège des Nations unies à New York et à La Havane.

Le Français Jean Arnault, chef de la mission de l’ONU, a salué ce « processus exhaustif ». Il a précisé qu’ont été récupérées, entre autres, 8.111 armes et près de 1,3 million de cartouches, et que « les Farc ont communiqué la localisation de 873 caches », contenant « 795 armes, 22 tonnes d’explosifs divers, 3.957 grenades et 1.846 mines antipersonnel ». Le délai pour localiser les dernières caches court jusqu’au 1er septembre.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part indiqué mardi soir que les Farc lui ont remis « 24 mineurs qui sont sortis de sept zones » de regroupement et ont été confiés « à des personnels de l’Unicef et du gouvernement ». « Le CICR a géré le transfert de 112 adolescents au total depuis décembre 2016 », a-t-il ajouté dans son communiqué.

Du combat armé, les Farc passent désormais à la lutte politique, comme prévu par l’accord de paix visant à mettre fin à un conflit fratricide de plus d’un demi-siècle qui, au fil des décennies, a impliqué d’autres guérillas et des paramilitaires, faisant environ 7,5 millions de victimes, entre morts, disparus et déplacés.

Tout en devant rendre des comptes devant une justice spéciale, elles vont se transformer en un parti de gauche qui « s’appellera sûrement Force alternative révolutionnaire de Colombie », a avancé Ivan Marquez.

L’accord garantit à l’ex-guérilla au moins dix sièges au Congrès bicaméral qui compte 268 parlementaires, pendant deux mandats, soit huit ans.

Une paix à consolider

Devenus civils, les ex-guérilleros devraient vivre dans les 26 zones devenues des « espaces territoriaux de formation et de réincorporation ». « Notre pari est que l’immense majorité, du moment que nous réussissons à générer des projets collectifs économiques, restent dans ces zones, voire avec leurs familles », a déclaré à l’AFP Carlos Antonio Lozada, autre chef des Farc.

Cette étape cruciale pour la Colombie comporte toutefois des défis, qui vont de la sécurité physique des ex-rebelles au lent processus d’amnistie de centaines de Farc emprisonnés.

Outre quelque 450 dissidents de l’ex-rébellion, l’Etat affronte encore l’Armée de libération nationale (ELN), guérilla d’environ 1.500 combattants avec qui il négocie la paix depuis février, et les gangs de narco-trafiquants essentiellement issus des ex-milices paramilitaires.

Sept membres des Farc ont été assassinés depuis le début du désarmement en janvier, selon la fondation Paix et Réconciliation qui suit le processus de paix.

Les ex-guérilleros et les agents des forces de l’ordre devront comparaître devant une juridiction spéciale de paix, qui prévoit des sanctions alternatives à la prison pour ceux qui avouent leurs crimes, dédommagent les victimes et s’engagent à ne plus avoir recours à la violence.

Mais l’opposition de droite entend réviser l’accord avec les Farc, qu’elle juge trop indulgent, si elle remporte les élections prévues en 2018.

 

Par Florence PANOUSSIAN (AFP)

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