Aux États-Unis, le «business» du cannabis légalisé en plein boom

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Dès le 1er janvier 2018, la loi légalisant le cannabis à usage récréatif prendra effet en Californie. Il s’agit du huitième État américain à franchir ce pas. Le Figaro fait le point.

Le jour du nouvel an, la loi légalisant le cannabis à usage récréatif, votée en 2016, se concrétise en Californie et pourrait permettre à l’État de s’imposer comme le plus gros marché mondial de l’herbe planante. Le grand État de l’Ouest américain avait déjà été pionnier de la marijuana à usage médical aux États-Unis, l’autorisant dès 1996. Vingt-deux autres États ont légalisé cette drogue uniquement à des fins médicales.

Le Colorado a été le premier à voter, en 2012, en faveur de cet amendement sur l’usage récréatif, suivi de Washington. «Désormais, je ne me sens plus comme un criminel lorsque je fume de l’herbe», déclare Matt Johns, un jeune de Boulder, une ville au nord-ouest de Denver, la capitale du Colorado. Dans ces deux États, dès 2014, les adultes (plus de 21 ans) ont ainsi obtenu le droit d’acheter du cannabis dans des magasins accrédités en quantités limitées. Dans six États, un résident peut se procurer 28 grammes. Seul le Maine autorise la possession de 75 grammes et dans le Massachussets les habitants ont le droit de stocker 280 grammes chez eux et 28 grammes en public. L’usage récréatif est autorisé seulement dans un lieu privé et non dans la rue et les plans de culture doivent être recensés dans un fichier central informatisé. «Personne ne nous interpelle si l’on fume à l’extérieur. Nous n’avons pour l’instant pas de lieux réservés aux fumeurs de cannabis comme les coffee shops mais je pense que cela viendra dans le futur», ajoute Matt Johns.

 

Source: Le Figaro.

Au niveau fédéral, la marijuana est tout de même reconnue comme une substance dangereuse de catégorie 1 au même niveau que l’héroïne et au-dessus de la cocaïne. La consommation de cannabis est interdite par les autorités fédérales mais Donald Trump a assuré laisser la prérogative aux États.

L’Alaska et l’Oregon ont légalisé la marijuana à usage récréatif respectivement en 2014 et 2015. Dans le même temps que l’élection du 45e président américain, le 8 novembre 2016, la Californie, le Maine, le Nevada et le Massachusetts, ont dit «oui» au cannabis légal. Seule la Californie est dans l’attente d’une commercialisation légale via des magasins spécialisés. Le 8 décembre, l’État de la côte ouest a ouvert une plateforme en ligne permettant de recueillir les demandes de licences des entreprises désireuses de travailler dans le cannabis à partir du 1er janvier 2018. Des villes comme San Francisco, San Diego et San José ont déjà émis les permis pour que les commerçants concernés puissent démarrer les ventes dès les premières heures de 2018. Los Angeles, en revanche n’a pas encore attribué les licences: les premières demandes ne seront traitées qu’à partir du 3 janvier.

Un boom économique

Dans le Colorado, où les premières ventes ont eu lieu en 2014, le marché du cannabis a créé 18.000 emplois à temps plein en trois ans. Les ventes ont engendré des recettes fiscales colossales, des taxes étant prélevées sur la vente de cannabis. La première année, l’État a imposé une taxe de 30%. Ce nouveau commerce lui a rapporté 50 millions de dollars et une augmentation du tourisme. Au total, les taxes prélevées en un an ont rapporté 30 millions de dollars de trop, explique l’Obs. Selon la Constitution du Colorado, qui prévoit un motant maximal d’impôts percevable par l’État, le surplus a dû être reverser au contribuable. Le gouvernement avait été contraint de restituer 7,63 dollars aux habitants.

Pour la Californie, les enjeux financiers sont énormes: l’État prélèvera 15%, plus une taxe sur les ventes de 10%, et la plupart des villes imposeront également une taxe municipale de 2 à 10%.

C’est dans le Nevada que les consommateurs achètent le plus de cannabis légal d’après les chiffres du site Marijuana business daily. Les dispensaires du cinquième État à avoir légalisé la marijuana à des fins récréatives ont vendu pour 27 millions de dollars d’herbe lors du premier mois de ventes en juillet 2017. C’est presque le double du chiffre d’affaires au cours du premier mois de ventes dans l’Oregon (14 millions) et plus de sept fois le montant enregistré par l’État de Washington (3,8 millions).

Selon une étude Arc View Market Research, les Nords-Américains ont dépensé 6,7 milliards de dollars en 2016 en cannabis légal. C’est 34% de plus par rapport à 2015.

Moins de trafic, plus d’accidents

Les anticannabis craignaient de voir les plus jeunes et des adolescents fumer ou ingérer davantage de marijuana. Selon une étude fédérale publiée à la fin des deux premières années de légalisation complète (2014-2015), la consommation chez les adolescents a diminué de 12%. Les aspects positifs de la légalisation ont tendance à l’emporter. Cette chute serait due à la baisse du marché noir des dealers. Grâce à l’ouverture des magasins réservés uniquement aux adultes, le trafic se tarit et les adolescents ont davantage de mal à se fournir.

En revanche, une étude a démontré que le nombre d’enfants ayant accidentellement ingéré du cannabis au Colorado a augmenté de 150% depuis 2014. Dans l’État de Washington, le bilan est mitigé. La consommation de marijuana aurait augmenté de 2% pour les 13-14 ans et de 4% pour les 15-16 ans à la suite de la légalisation en 2015.

Si globalement la consommation des adolescents a diminué, ce n’est pas le cas de celle des adultes de plus de 18 ans, particulièrement chez les consommateurs occasionnels et réguliers de plus de 25 ans. Dans l’Oregon, l’usage de marijuana a augmenté de 19,5% en 2013 à 23,19 % en 2016. Même bilan pour l’Alaska qui a vu le nombre de consommateurs augmenter de 19,86% en 2013 à 23,46% en 2016.

Morgane Rubetti (Le Figaro)

 

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