Décryptage. Chasse: ces dérapages qui menacent la biodiversité (2/2)

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Des chasseurs étrangers affichent leur butin sur les réseaux après une capture illégale de tourterelles. DR

L’activité de la chasse est rigoureusement réglementée. Pourtant, cette pratique souffre d’un laisser-aller due aux manques de contrôle. Des pratiques contraires aux règles en vigueur menacent la biodiversité dans certaines régions.

Au niveau environnemental, la chasse permet de réguler la population de certaines espèces nuisibles pour les cultures comme les sangliers ou certaines volatiles. Le rôle des chasseurs dans ce cadre là est primordial sur le plan écologique. En effet, les chasseurs contribuent à préserver l’habitat du gibier et à réguler ses populations selon un plan de chasse établi par le ministère de l’Agriculture.

Mais les dérapages existent et sont dénoncés régulièrement sur les réseaux sociaux à travers des clichés macabres. « Il y a des gens inconscients qui ne respectent ni quotas ni règles. Le pire, c’est qu’ils s’affichent fièrement avec leur butin sur internet », s’indigne un chasseur.

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« Il faut des enquêtes. Que les coupables se voient retirer leur permis. Car c’est un véritable massacre auquel on assiste. Tout ça est passé sous silence par les autorités », proteste-t-il. En effet, l’activité de la chasse est régie par un Dahir de 1923, complété et modifié en 2006, et des arrêtés du ministère de l’Agriculture qui définissent les règles, les quotas et les périodes de chasse. Les autorités misent aujourd’hui – en raison du manque de moyens – sur la responsabilité des différents intervenants.

Il était une fois les juges fédéraux…

« À une époque, il y avait énormément de barrages et de contrôles de la part des agents du HCEFLD », se souvient un chasseur qui nous affirme qu’aujourd’hui il en a de moins en moins.
Afin de couvrir tout le pays avec ses plateaux et ses montagnes, ses zones désertiques et ses plaines, le Haut Commissariat a mis en place 10 directions régionales, une cinquantaine de services provinciaux, de centres de développement forestier, 198 districts et 669 triages.

Un technicien forestier accompagné d’un cavalier et d’un adjoint peut se voir confier la responsabilité d’un terrain atteignant parfois 10.000 ha de forêts. Difficile de surveiller tout le monde.

Par le passé, la fédération désignait des « gardiens fédéraux » qui avaient des pouvoirs sur la communauté de chasseurs. Des « juges » les accompagnaient et veillaient aux respects des règles.

En cas de fraude, le coupable pouvait se voir retirer sa licence. Victime de luttes internes, l’instance est actuellement en état d’hibernation. Des sources proches nous informent que la famille des chasseurs a entamé un processus de dialogue qui devrait mettre fin prochainement aux divergences. Enfin, il y a cette relation entre chasseurs et populations locales qui n’est pas toujours évidente. Si les uns se plaignent de braconnage, souvent l’œuvre de locaux, certains habitants, eux, voient parfois d’un mauvais œil ces fusils se balader dans les forêts ou empiéter sur des terres agricoles et les saccager lors de leur passage.

Ces zones de chasse réservées et bien gardées

Il y a beaucoup de légende qui entourent ces zones de chasse touristiques prisées par les chasseurs fortunés des pays du Golfe. Ces derniers s’adonnent à leur loisir loin des regards. Dans des régions comme Guelmim ou le Sud de l’Atlas, ils chassent la gazelles ou le mouflon. Ces endroits bénéficient d’un cadre spécifique et sont interdits d’accès. Cet aspect sécurisé nourrit les rumeurs les plus folles. En réalité, cette chasse est très surveillée car elle rapporte énormément d’argent. Si les entrées et sorties de ces zones sont extrêmement surveillées, qui contrôle ces chasseurs fortunés ? Respectent-ils toujours les règles ? Pas plus tard qu’hier, un réseau international spécialisé dans la détention, la chasse et le trafic illégal d’aigles a été démantelé, à Marrakech. Lors de cette opération, huit éperviers ont été saisis ainsi qu’une quantité importante de gibiers appartenant à des espèces protégées. Les huit éperviers, ainsi de que aigles avaient été anesthésiés et soigneusement dissimulés, à bord d’un jet privé appartenant à des ressortissants des pays du Golfe qui s’apprêtaient à quitter le territoire national. Un bon point pour la Direction régionale des Eaux et forêts et de la lutte contre la désertification du Haut Atlas à Marrakech qui veille à la protection de nos espèces.

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