Liberté de religion: le Maroc pas si bon élève que ça (rapport US)

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La Constitution marocaine « garantit à tous la libre pratique de leurs croyances », mais la réalité est autre. Un rapport américain dresse un état des lieux de la liberté de religion dans le royaume.

Le département d’Etat américain vient de publier son Rapport international sur la liberté de religion (International Religious Freedom Report) pour l’année 2016. Ce document est basé sur des informations collectées auprès de responsables gouvernementaux, de leaders religieux, d’ONG, de journalistes, d’observateurs des droits de l’Homme, d’universitaires, etc. dans près de 200 pays.

Plus de 99% de musulmans sunnites au Maroc

Dans le cas du Maroc, le département d’Etat estime que «plus de 99% des 33,7 millions d’habitants (à juillet 2016) du royaume sont de confession musulmane sunnite», contre moins de 1% de chrétiens, de juifs, de musulmans chiites, et de bahaïs. Plus précisément, les leaders juifs estiment à entre 3.000 et 4.000 le nombre de membres que compte leur communauté au Maroc, dont près de 2.500 à Casablanca et approximativement 75 à Rabat et 75 à Marrakech.

2.000 à 6.000 chrétiens marocains sont répartis à travers le royaume, selon les estimations des leaders chrétiens étrangers sur place, tandis que la population chrétienne étrangère est composée d’au moins 30.000 catholiques et 10.000 protestants. On compte également une petite communauté russe orthodoxe à Rabat et une autre grecque orthodoxe à Casablanca, ajoute le rapport, avant de souligner que Casablanca, Tanger et Rabat regroupent la majeure partie des chrétiens au Maroc.

Résidant principalement dans le nord, la communauté chiite du Maroc est estimée à des dizaines de milliers de membres, dont entre 1.000 et 2.000 Libanais, Syriens et Irakiens. La communauté musulmane ahmadiyya compte près de 600 membres, et la communauté bahaï 300 à 500 membres.

Un gouvernement pas aussi tolérant que ça

Le rapport du département d’Etat américain se penche également sur le cadre légal de la liberté de religion au Maroc. Le royaume est un Etat musulman souverain et «la Constitution garantit à tous la libre pratique de leurs croyances».

Mais plusieurs faits vont à contresens de cette disposition. Le rapport en veut pour preuve l’arrestation, la détention, et l’interrogatoire de chrétiens marocains à cause de leurs croyances. Certains convertis auraient même fait l’objet de pression de la part des autorités pour renoncer à leur foi.

En mai 2016 également, le leader chiite Abdou El Chakrani a été arrêté pour «irrégularité financière», mais selon ses proches, il a été «ciblé pour ses croyances religieuses et pour avoir tenté d’enregistrer une association affiliée à des leaders chiites», souligne le département d’Etat américain. La longue liste des incohérences entre la loi et les pratiques gouvernementales inclut également la «restriction de la distribution de matériels religieux non islamiques».

Quid de la société?

La situation n’est pas meilleure au sein de la société. Le rapport américain rappelle les attaques collectives en juin 2016 d’un homme à Marrakech et d’un autre à Rabat pour avoir fumé des cigarettes pendant le moment du jeûne. Des chrétiens marocains ont également dénoncé des pressions de la part de leurs proches et amis afin qu’ils se convertissent à l’islam ou renoncent à leur foi chrétienne.

Enfin, des membres de minorités religieuses non reconnues, dont les chiites, ont confié qu’ils pratiquaient leur foi dans le secret par peur du harcèlement social, de la discrimination professionnelle, ou encore des violences potentielles des «extrémistes». Et les leaders chrétiens font état de 1.000 à 3.000 chrétiens marocains qui vont régulièrement à des «églises de maison».

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