Leïla Slimani veut «déringardiser» la francophonie
Publié leL’écrivaine, prix Goncourt 2016, nommée représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la francophonie, à titre «bénévole», a expliqué à l’antenne de RTL, vouloir «promouvoir la langue française».
Personne. Rien. Nada. Depuis l’investiture d’Emmanuel Macron, le 14 mai dernier, le portefeuille de la francophonie est désespérément vacant. Une première depuis le troisième gouvernement Fillon en 2012! Si le président de la République n’a jamais atténué le rayonnement de notre idiome, allant jusqu’à s’ériger en véritable héraut de la langue française à la foire de Francfort aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel, force est de constater que la francophonie est restée au second plan des priorités du gouvernement. Un oubli désormais réparé avec la nomination lundi 6 novembre de la jeune romancière franco-marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt 2016, comme «représentante personnelle» pour la francophonie.
«Elle représentera une politique francophone ouverte, en action, centrée sur des projets concrets liés aux priorités du Président de la République telles que l’éducation, la culture, l’égalité femmes-hommes, l’insertion professionnelle et la mobilité des jeunes, la lutte contre le dérèglement climatique et le développement du numérique», indique le communiqué de l’Elysée. La jeune femme de 36 ans a été reçue pendant une heure par le chef de l’État, qui a choisi le jour de l’attribution du Goncourt 2017 pour la nommer à ce poste.
«On a une vision un peu vieillotte de la francophonie»
Invitée à l’antenne de RTL, au micro de Marc-Olivier Fogiel, l’écrivaine a précisé l’intitulé de son poste, qu’elle précise être «une mission bénévole». «Je vais d’abord avoir pour mission de déringardiser la notion même de francophonie, de lui rendre son lustre, sa jeunesse, son dynamisme, de promouvoir la langue française, de la défendre dans le monde entier», a-t-elle déclaré avant de préciser: «J’ai le sentiment que la francophonie est mal comprise, que c’est un concept qui peut être considéré pour beaucoup comme poussiéreux. On a une vision un peu vieillotte de la francophonie. Alors que c’est une réalité très vivace, vivante! Il suffit de se promener dans le monde, notamment en Afrique par exemple ou dans le Maghreb, pour voir à quel point il y a un appétit très grand pour le français.»
Une représentation peut-être expliquée par l’absence d’un ministère… À ce sujet, Marc-Olivier Fogiel a rappelé avec malice qu’il existait un ministre de la francophonie du temps de Hollande et s’est interrogé sur cette nomination de «représentante personnelle» et non pas celle de ministre de la francophonie. «Il n’y a pas que moi», a rétorqué Leïla Slimani. «Il y a le Quai d’Orsay qui s’occupe de la francophonie, le ministère de la Culture, le ministère de l’Education et de l’enseignement supérieur. Il y a un enjeu de transversalité et ce sera mon rôle, de trouver des idées neuves et d’essayer de représenter la France au sein des instances de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).»
«La légitimité est quelque chose qui se prouve»
Sa nomination est un nouvel exemple de la prédilection d’Emmanuel Macron en faveur des personnalités reconnues dans leur domaine plutôt que des profils politiques pour mener des missions au nom de la présidence. Il a ainsi chargé Stéphane Bern, animateur télé grand défenseur du patrimoine, d’identifier des monuments historiques locaux en péril.
En miroir de cette nomination qui fit grand bruit -beaucoup critiquèrent le manque de légitimité de l’animateur – l’auteur de Chanson Douce a expliqué, comme pour désamorcer d’éventuels détracteurs, que «la légitimité est quelque chose qui se prouve» et qu’elle allait ainsi «ne pas faire les choses toutes seules. Je vais essayer de mobiliser le plus de personnes, le plus d’énergie. Tous les gens qui veulent défendre la francophonie, je les invite tous à se mobiliser à mes côtés, aux côtés d’Emmanuel Macron. Je vais tenter d’être efficace.»
Devenue l’une des nouvelles voix de la francophonie, cette défenseur de la cause féminine vient de publier Sexe et mensonges – La vie sexuelle au Maroc (Les Arènes), qui défend une sexualité libre pour les Marocaines. Elle avait fait la connaissance d’Emmanuel Macron pendant la campagne et appelé publiquement à voter pour lui pendant l’entre-deux-tours, pour contrer Marine Le Pen, mais aussi «par adhésion», avait-elle expliqué, en vantant la «jeunesse» et la «modernité» du candidat.