La Fondation Orient-Occident rend un vibrant hommage aux migrants

Publié le
fondation orient occident
©Fondation Orient Occident

La Fondation Orient-Occident a organisé une rencontre pour fêter ses 30 années au service des migrants. L’occasion pour cette organisation de faire le point sur les avancées réalisées et les obstacles qui entravent la pleine intégration des migrants sous nos latitudes.

L’heure était à la célébration ce jeudi 23 mai au siège de la fondation Orient-Occident, situé au cœur du quartier Al Massira, à Rabat. Et c’est dans la salle principale construite sous forme de hutte africaine qu’une large et hétéroclite assistance est venue partager avec l’équipe de la fondation son remarquable travail effectué au cours de ces trois décennies.

Pour fêter cet événement fort symbolique, l’ONG présidée par Yasmina Filali a tenu à ce que cette date soit un moment festif réunissant les anciens qui ont marqué de leur empreinte cette structure engagée ainsi que ceux qui s’affairent au quotidien pour améliorer le vécu des personnes qui ont entrepris un projet migratoire.

fondation orient occident show
©Fondation Orient Occident

Je me souviens de l’année 2007 quand les premiers migrants sont venus toquer à la porte de la fondation”, s’est remémoré, non sans émotion, la présidente. La cérémonie a été marquée par la projection du court-métrage intitulé « L’Appel ». Ce documentaire retrace le parcours pavé de chaudes larmes et de douleur vive de migrants de tous bords: des femmes qui ont laissé derrière des enfants en bas âge, un récit d’atrocités, de viols et de bébés qui réclament aussi leur part de dignité…

À travers des témoignages déchirants, la fondation plonge les spectateurs dans le vécu de ces migrants en mettant à nu leur souffrance, une sorte de seconde peau pour eux. Intervenant à cette occasion, Driss Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), a mis un point d’honneur à relever que l’accueil qui est réservé aux migrants est le reflet de la société et de son degré de civilisation. “La Fondation donne aux Marocains la capacité de nous rendre nobles”, a-t-il poursuivi.

Car pour ce spécialiste de la chose migratoire, au-delà des discours politiques, “il faut se rappeler que ce migrant est un être humain à la conquête d’une dignité”.

fondation orient occiddent débat
©Fondation Orient Occident

Une vision partagée par François Reybet-Degat, représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) au Maroc. “La fondation est l’exemple des personnes qui portent la souffrance des migrants. Elle s’est impliquée dès le début pour une humanité commune. C’est un vecteur de valeurs”, s’est-il félicité.

Pour Laura Palatini, cheffe de mission de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le mot qui lui vient à l’esprit en parlant de la fondation est “maison”. “Beaucoup de personnes se réunissent sous le toit de la fondation, c’est une famille. Une grande famille”, a-t-elle affirmé.

Lire aussi. Loi immigration: la caution demandée aux étudiants étrangers « n’est pas une bonne idée », selon Macron

Palatini a cependant déploré que la question migratoire se réduise aux chiffres: “Partir n’est jamais facile. Il faut montrer le respect nécessaire pour ces personnes.

Toutefois, il est presque impossible de se livrer à l’exercice autour de la migration sans interpeller les statistiques, et c’est de la sorte que la responsable de l’OIM n’a pu s’empêcher d’avancer quelques chiffres pour étayer sa thèse: “Actuellement, ils sont 280 millions de migrants dans le monde. Un chiffre en hausse alors que les voies régulières ont été réduites”, a-t-elle lancé en guise de mise en garde contre les éventuels drames qui accompagnent les tentatives d’atteindre la terre promise.

assistance fondation orient occident
©Fondation Orient Occident

Cet avis n’est pas partagé guère Mehdi Alioua, doyen de l’Institut d’études politiques à Rabat, pour qui ces chiffres n’ont rien d’alarmant car la population mondiale a progressé significativement. Aux yeux de ce sociologue engagé, le problème réside ailleurs. “Nous avons des politiques restrictives à l’adresse des personnes migrantes”, a-t-il soutenu.

Si on est un blanc, enseignant dans un lycée appartenant à la MLF, on n’est pas migrant, on est expatrié”, a noté l’activiste avant de rappeler la criante évidence qu’un Marocain ne peut se rendre librement Paris pour voir la tour Eiffel. “En revanche, un Français peut acquérir un billet d’avion pour visiter la Koutoubia”, a-t-il lâché sous les applaudissements de la salle.

Pr Alioua, qui a dénoncé ce qu’il nomme “la géopolitique de la migration”, a également mis le doigt sur l’inquiétante dimension raciale de la migration, celle qui dépasse le prisme des nationalités pour s’attaquer à la couleur de la peau.

Pragmatique, le sociologue a certes relevé des améliorations au niveau des politiques publiques, mais il estime que ce narratif africain n’est pas partagé par toute la population marocaine. Il a également mis en garde sur certaines contradictions comme la loi 02/03 qui criminalise les tentatives de migration irrégulière. Tout en saluant les efforts de la société civile pour faire du Maroc une terre d’accueil, le sociologue a toutefois alerté sur la résistance qui entoure ce dossier.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

La Fondation Orient-Occident rend un vibrant hommage aux migrants

S'ABONNER
Partager
S'abonner