Justice: 20 ans de prison requis en appel contre Taoufik Bouachrine
Publié leUne peine de prison alourdie à vingt ans a été requise dans la nuit de mardi à mercredi contre le patron de presse marocain Taoufik Bouachrine, jugé en appel depuis avril pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées.
Le réquisitoire du parquet a été prononcé devant la cour d’appel de Casablanca en l’absence de l’accusé, qui boycotte depuis plusieurs jours « un procès sans garanties de justice », a-t-on appris mercredi auprès de son équipe de défense.
Arrêté en février 2018, le patron du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum, âgé de 49 ans, a été condamné en novembre suivant à 12 ans de prison ferme pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Des accusations qu’il a toujours niées, en dénonçant un « procès politique ».
« Je suis un journaliste libre (….) mon espoir est d’être le dernier de la liste noire de ceux que le pouvoir considère comme des ennemis », avait-il déclaré dans une lettre adressée aux juges et publiée par son journal la semaine dernière.
Le patron de presse est incarcéré à la prison de Casablanca où il a été conduit après son arrestation.
Lors de l’audience qui s’est tenue jusque tard dans la nuit, le représentant du parquet a requis une peine alourdie à 20 ans de prison, assortie d’une amende d’un million dh (environ 90.000 euro), selon des sources concordantes de la défense et la partie civile.
Après l’avoir fait comparaitre de force il y a une dizaine de jours, la cour d’appel a décidé de poursuivre le procès en son absence, a indiqué à l’AFP un de ses avocats, Me Abdelmoula Marouri. L’équipe de défense n’a pas encore décidé si les avocats répondraient au réquisitoire ou s’abstiendraient de plaider.
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Le verdict est attendu après les plaidoiries des avocats de la partie civile, dans les prochains jours. « Il a choisi de fuir au lieu de répondre aux questions du tribunal et faire face aux preuves de sa condamnation », a estimé l’avocat de la partie civile Mohamed Kerrout.
La défense a demandé la remise en liberté du journaliste en se basant sur un avis rendu en janvier par un groupe d’experts du Conseil des droits humains des Nations unies, stigmatisant une détention « arbitraire » et un « harcèlement judiciaire ».
Les juges ont rejeté cette requête, en phase avec les autorités marocaines pour lesquelles le procès est en tout point conforme au normes internationales.