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Intelligence artificielle: quels sont les métiers menacés par ChatGPT au Maroc?
Publié leSelon une étude américaine récente, 10% des tâches de 80% des métiers seront affectés par ChatGPT. Plus que de disparition, Marouane Harmach, expert en communication digitale, parle de reconfiguration des métiers.
La machine serait-elle sur le point de remplacer l’homme? C’est la question que beaucoup se posent avec l’avancée constante de l’intelligence artificielle, spécialement de ChatGPT, récent outil de conversation automatisée. Ecrire des textes selon un style précis, dialoguer de manière naturelle, traduire, rédiger un script d’une série télévisée… La liste des tâches capables d’être accomplies par cette intelligence artificielle est longue.
A partir de ce constat, certains métiers sont-ils menacés de disparaître? « C’est un peu compliqué de répondre à cette question. A chaque fois qu’il y a une innovation ou un virage électronique, ce genre de questions se pose. Ca a été le cas avec la révolution industrielle, le taylorisme, l’avènement du PC. Des métiers disparaitront sûrement sans que cela n’implique forcément une accélération de l’utilisation d’internet, du smartphone. Ces 15-20 dernières années, il n’y a pas eu de vraie révolution technologique et pourtant des métiers ont changé, été réorganisés. Ces changements ou nouveaux métiers font partie de la dynamique de la société et de l’utilisation des nouvelles technologies », répond Marouane Harmach, expert en communication digitale et fondateur de Consultor, un cabinet de consulting en dématérialisation et communication digitale.
Selon une étude américaine (OpenAI, Open Research et université de Pennsylvanie) publiée le 17 mars dernier, élaborée sur 1000 professions, 80% des métiers sont susceptibles d’être affectés par ChatGPT sur 10% de leurs tâches au minimum. Ce taux se hisse à 50% pour 19% des métiers. L’analyse se fonde sur le dernier modèle de l’outil, GPT-4, connu pour ses grandes compétences en comparaison aux aptitudes humaines.
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Face à ce résultat, Marouane Harmach n’est pas étonné. « En 2001 déjà, on disait que 60% des métiers qui existaient disparaîtront à l’échéance de 2030 et les 40% restants seront redéfinis. Je suis convaincu que certains métiers seront affectés sur certaines activités ou redéfinis, notamment les métiers de créativité, rédaction », estime l’expert. Parmi les métiers les plus exposés, l’étude cite d’ailleurs journaliste, écrivain, mathématicien, traducteur, secrétaire juridique, manager financier, poète, auteur créatif…
« On est en train de découvrir la synergie intelligence artificielle-humain »
Pour le spécialiste, on ne se dirige pas nécessairement vers une suppression radicale de métiers mais leur « reconfiguration », tout en reconnaissant qu’il est « très difficile de prévoir actuellement la profondeur de cet impact ».
Et d’ajouter: « On est en train de découvrir la synergie intelligence artificielle-humain. On ne sait pas comment les éditeurs d’IA vont se positionner sur les marchés, contrairement à certains produits technologiques qui incluent généralement une vision sur deux ou trois ans. Avec ChatGPT, nous sommes en présence d’une sorte de méta-outil, contrairement aux innovations technologiques précédentes comme internet ou les réseaux sociaux. »
Autre conclusion tirée par l’étude: ce sont les emplois à hauts revenus qui risquent d’être le plus touchés, particulièrement ceux dont l’activité tourne principalement autour de l’utilisation de logiciels informatiques. A contrario, les métiers les moins menacés devraient être ceux liés à la science, ou reposant sur la main d’œuvre (athlète, tailleur de pierre, conducteur d’engins, cuisinier, plombier, carreleur, mécanicien, cuisinier…).
Dans ce sens, on pourrait observer d’ici plusieurs années un retour aux métiers manuels qui risquent moins le remplacement technologique. « Certains sont réticents à l’IA et disent que c’est peut-être la fin de la civilisation humaine telle qu’on l’a connue à ce jour. Ce qui est terrifiant dans l’intelligence artificielle, c’est que cela touche à notre relation à l’écrit, à la connaissance. Il y aura un avant et un après ChatGPT mais selon moi, la présence humaine sera toujours nécessaire. On aura toujours besoin de personnes pour expliquer les technologies. Je pense que ce qu’il va se passer c’est la disparition de certaines fonctions de l’activité sans valeur ajoutée et sa reconfiguration », conclut Marouane Harmach.