France: six personnes, dont deux journalistes et un avocat, jugées pour terrorisme

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L'entrée de la Cour de justice de la République, à Paris. (Photo AFP)

Six personnes, dont un avocat et deux journalistes spécialistes du Moyen-Orient, sont jugées à partir de mardi à Paris pour financement du terrorisme: elles sont soupçonnées d’avoir envoyé de l’argent à des jihadistes, selon elles pour les aider à quitter le « califat » du groupe Etat islamique (Daech) et se rendre à la justice.

Les enquêteurs reprochent aux deux journalistes, Edith B. et Céline M., – qui ont publié ensemble un livre-enquête sur les Françaises ayant rejoint Daech – d’avoir transféré des fonds pour payer un passeur, et ainsi faire sortir plusieurs de ces femmes de Syrie.

Pour la justice, l’argent ainsi transféré ne pouvait qu’alimenter les circuits financiers de l’organisation jihadiste.

Les deux journalistes « réfutent avec force ces accusations », a indiqué à l’AFP leur avocate, Me Marie Dosé.

Selon elles, il était clair que l’une des femmes qu’elles ont voulu aider était « déterminée à fuir Daech » et voulait « se rendre aux autorités françaises », lesquelles étaient d’ailleurs « parfaitement informées de cette situation ».

Elles ont par ailleurs voulu aider une autre jihadiste qui était « en train de mourir de faim » avec ses enfants, et une troisième qui avec ses quatre enfants vivait « recluse dans un tunnel, sans eau ni nourriture ». Cette dernière, Mélina Boughedir, a ensuite été condamnée à la prison à perpétuité en Irak pour avoir rejoint Daech.

Lire aussi. Espagne: en collaboration avec la DGST, la police démantèle un réseau affilié à Daech 

De son côté, l’ancien avocat Bruno V., qui à l’époque des faits défendait plusieurs jihadistes français, est poursuivi pour avoir « collecté » 37.000 euros en 2017 en faveur de Mme Boughedir et de son mari Maximilien Thibaut, également combattant de l’EI.

L’argent, que l’avocat a en partie transporté lui-même jusqu’à Francfort pour le remettre à un intermédiaire, devait servir à corrompre un officier de l’armée irakienne afin que celui-ci fasse « exfiltrer » Maximilien Thibaut. L’opération a toutefois échoué: le jihadiste a été tué à Mossoul lors du siège de la ville.

Devant les enquêteurs, Bruno V. a contesté toute intention de financer l’organisation jihadiste: pour lui, il s’agissait uniquement de permettre la « reddition » de Maximilien Thibaut aux autorités irakiennes.

Les trois autres prévenus sont les mères de jihadistes français et le mari de l’une d’elles, poursuivis pour avoir envoyé plusieurs milliers d’euros à leurs enfants. L’une de ces mères, Valérie B., qui était par ailleurs en contact avec les deux journalistes, « était vouée corps et âme » à « rapatrier les enfants et sa fille de l’enfer syrien », fait valoir son avocat, Me Marc Bailly, auprès de l’AFP.

La prévenue « conteste vivement le financement d’une quelconque entité terroriste », d’autant qu’elle n’a « jamais que contribué aux besoins essentiels de sa fille », probablement morte sous les bombes en Syrie en 2019.

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