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DSK au Maroc: une évasion fiscale chiffrée à plus 6 millions d’euros
Publié leLa saga «Pandora Papers» se poursuit et apporte chaque jour son lot de révélations. L’un des hommes influents cités dans cette fuite de près de 12 millions de documents sur l’évasion fiscale n’est autre que l’ancien ministre français de l’Économie et des Finances, Dominique Strauss-Kahn, installé au Maroc depuis 2013.
Un documentaire,«DSK, enquête sur un homme d’influence», sera diffusé ce jeudi 7 octobre à 21 heures sur France 2. L’enquête revient sur les activités de Dominique Strauss-Kahn au Maroc, plus précisément au Casablanca Finance City (CFC), zone franche qui a valu au Maroc d’être classé dans la liste grise de l’Union européenne sur les paradis fiscaux.
L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) s’y installe en mai 2013 et y ouvre la société de conseil Parnasse International. À ce moment-là, «il en est le seul actionnaire et n’a aucun salarié», indique France Info. «Pourtant, cette société fait des millions d’euros de bénéfices : 7,8 millions en 2014, 3,8 millions en 2016 et plus de 5 millions d’euros l’année suivante».
Des affaires bien jouteuses, mais pour lesquelles DSK n’a payé aucun impôt. Pour cause, les sociétés immatriculées au CFC ne payent aucun impôt durant les cinq premières années, rappelle la même source. «Ce n’est qu’à partir de la sixième année qu’elles doivent s’acquitter d’un impôt de… 8,75%, contre 30% dans le reste du Maroc et 33,13% en France au même moment», souligne France Info.
🔴 Pour cette nouvelle enquête, #CashInvestigation s’est plongé dans les #PandoraPapers
Des informations jamais révélées sur le business juteux de DSK : des chefs d’Etat et des entreprises s’offrent ses conseils pour des millions d’euros.@ICIJorg
Jeudi à 21h05 sur @France2tv pic.twitter.com/hHmjp9072f
— CASH INVESTIGATION (@cashinvestigati) October 6, 2021
Plus étonnant encore, DSK a «participé à l’élaboration du cadre juridique du Casablanca Finance City», révèle l’enquête, et selon un document fuité, «il aurait été rémunéré 2,4 millions d’euros pour cette mission entre 2012 et 2013».
Des millions d’euros dérobés au fisc
Ano Kuhanathan, économiste spécialiste de la fiscalité, estime que «sur cinq années fiscales complètes, on arrive à environ 6,163 millions d’euros d’impôts sur les sociétés, que son entreprise aurait dû payer si elle avait été domiciliée en France».
Des chiffres qui donnent le tournis et réalisés grâce aux prestigieux clients de l’ex-ministre. Les livres de comptes de 2016 et 2017 révèlent quelques noms, parmi lesquels on retrouve, le géant du pétrole russe Rosneft, dont le patron est un proche de Valadimir Poutine et qui a versé 1,75 million d’euros à l’ancien ministre. On retrouve également des chefs d’État africains, tels que le président togolais, Faure Gnassingbé ou encore aussi Denis Sassou-Nguesso, président du Congo-Brazzaville qui a déboursé plus de 1,4 million d’euros pour avoir DSK comme «conseiller très spéciale».
Une fois l’exonération fiscale dont bénéficiait DSK au Maroc est terminée, il ouvre une société «encore plus opaque» aux Emirats arabes unis en 2018. Aucune donnée n’est disponible sur sa société «Parnasse Global Limited» basée à Ras Al Khaimah, un paradis fiscal très opaque, plaçant les Emirats arabes unis au dixième rang des principaux paradis fiscaux du monde selon l’ONG Tax Justice Network, précise France Info.
Des « mensonges » selon DSK
L’ex-ministre français a réagi à l’enquête ce lundi 4 octobre. «Quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j’y paye mes impôts à hauteur de 23,8 % de mes bénéfices, soit 812.000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020», a-t-il écrit sur Twitter.
#cashinvestigation
Quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j’y paye mes impôts à hauteur de 23,8 % de mes bénéfices, soit 812.000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020.— DSK (@dstrausskahn) October 4, 2021
Élise Lucet, présentatrice de l’émission Cash Investigation, a à son tour répondu sur le plateau de C à vous, diffusée sur France 5. «Il m’a mise sur liste noire ! (…) Je trouve que balayer d’un revers de main toute participation à l’émission, toute interview potentielle, c’est vraiment dommage», a-t-elle déclaré, notant que la réponse de l’ex-ministre «ne correspond pas à ce qui est dit». «Il n’a pas vu l’émission (…) je regrette éminemment qu’il ne soit pas venu», a-t-elle dit.