Déserts de Faouzi Bensaïdi ou le Maroc au Festival de Cannes

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Déserts de Faouzi Bensaïdi ou le Maroc au Festival de Cannes
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Faouzi Bensaïdi est un des plus grands noms du cinéma marocain. De sa formation d’acteur au Conservatoire national d’art dramatique de Paris, il a gardé le sens de la mise en scène et la superbe, de son travail avec les grands cinéastes, lui qui a co-écrit Loin d’André Téchiné, un rapport fascinant et exigeant à l’image, du Maroc où il a grandi, un amour filial et viscéral. Tous les films du réalisateur, sélectionné cette année à la Quinzaine, sont le reflet de ces dimensions. La troisième explose dans ce sixième long-métrage. 

Par Maï-Do Hamisultane-Lahlou

Déserts est construit en deux parties.

Dans la première, deux agents missionnés par une agence de recouvrement à Casablanca sillonnent, affublés d’un costume bleu corporate, les petits villages reculés du Grand Sud marocain, qui n’ont pas pris le « train de la modernisation », essayant de faire payer coût que coût «  les oubliés »et qui espéraient que leurs dettes le soient tout autant.

La solitude des deux agents quand ils se retrouvent dans la capitale économique, le rapport caricatural un Maroc enlisé dans les clichés de la modernité et de la réussite, sont troublants.

Ce n’est que quand ils s’éloignent de Casablanca, dans les petits villages perdus, que le rapport devient humain, permettant au réalisateur d’enchaîner des saynètes propres au théâtre de l’absurde, si évocatrices du Maroc qu’elles semblent réelles. Drôles, émouvantes, elles renvoient les marocains à du vécu. Faouzi se prête au jeu en campant lui-même le rôle d’un épicier, placide plus qu’impassible de voir son commerce démonté devant lui.

Dans la seconde partie, le récit bifurque avec l’apparition d’un autre personnage, un bandit en cavale à la recherche de sa femme captive. Aux portes du désert, le récit offre sa dimension métaphorique au Maroc, avec la Pénélope des sommets des montagnes, qui tisse chaque matin le visage de l’homme aimé, brûlé chaque soir par son ravisseur.

Tout devient symbole.  Déserts n’est pas deux films en un, c’est un véritable diptyque d’un Maroc à deux vitesses, un jeu de miroirs que déploie Faouzi Bensaïdi sur fond du désert.

Sauf que le véritable désert n’est pas celui qu’on voit.

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