Vidéo. Editeurs africains à l’honneur au SIEL 2022: « Notre défi actuel est de restaurer notre Histoire »

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La littérature africaine est l’invitée d’honneur de la 27e édition du Salon International de l’Edition et du Livre qui se conclut ce dimanche. H24Info est allé à la rencontre de trois éditeurs du continent exposant à cette occasion pour parler de ce que représente la littérature africaine actuellement. 

Le salon du livre revient enfin après deux années de pandémie. A l’occasion de la désignation de Rabat Capitale de la culture africaine pour l’année 2022 et en reconnaissance des liens pluridimensionnels qui existent entre la culture marocaine et celle des pays africains frères, la 27e édition du SIEL met en avant la littérature africaine du 3 au 12 juin.

« C’est tout à fait naturel et légitime que l’Afrique soit l’invitée d’honneur car la littérature africaine est mûre. La plupart des pays africains aujourd’hui sont quand même indépendants dans leur littérature. Je prends l’exemple du Bénin d’où je viens; notre littérature se compose principalement des auteurs de nos pays que nous étudions aujourd’hui. Auparavant, quand on parlait de littérature, il s’agissait de la littérature française, ce qui signifie que l’Afrique a beaucoup évolué », déclare D. Gérard Houessou des Editions du Flamboyant (Bénin), également juriste spécialisé en propriété intellectuelle.

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« C’est une fierté que les nations africaines soient rassemblées ici car nous avons de quoi dire, nous avons une oeuvre littéraire africaine avec laquelle nous pouvons analyser. De plus, malgré la pandémie, nous avons constaté la recrudescence d’auteurs et d’éditeurs; ne reste qu’à analyser leur qualité sur le terrain », ajoute-t-il, soulignant qu’à travers sa littérature, l’Afrique « est en train de reconstituer l’authenticité de son Histoire, non celle inventée par le colon ».

« Nous voulons dire au monde que l’Afrique, ce n’est pas que la guerre »

Même discours du côté d’Allieu Kamara, éditeur et écrivain anglophone auprès de PEN Sierra Leone, une antenne de l’ONG internationale PEN qui fait office de réseau entre écrivains à travers le monde. « Notre défi actuel est de restaurer notre Histoire à travers le monde », explique-t-il, saluant l’opportunité permise par le SIEL de promouvoir la littérature africaine.

Et d’ajouter: « La littérature africaine aujourd’hui est dynamique. Nous promouvons la culture, la littérature, nos émotions et passions collectives, notre passé politique, notre situation présente et le futur de l’Afrique. C’est tout ce dont parlent les livres exposés ici. Nous voulons dire au monde que l’Afrique, ce n’est pas que la guerre, c’est aussi un continent grand en termes de culture, de langue, etc. »

Des cultures et littératures plurielles, insiste de son côté, Sylvie Ntsame, directrice générale des Editions Ntsame (Gabon). « Je m’insurge quand j’entends la littérature africaine car je n’ai jamais entendu littérature européenne ou américaine. Pourquoi veut-on nous inclure dans une petite littérature? Non, l’Afrique est grande et compte différentes littératures: marocaine, gabonaise, rwandaise, nigériane… Ce sont des littératures assez dynamiques qui n’ont rien à voir entre elles car quand on parle de littérature, on parle aussi de culture. Nous avons des cultures différentes et nos littératures sont l’expression de nos cultures », développe l’éditrice qui participe au SIEL depuis 2015.

Selon l’exposante, les littératures africaines se portent bien actuellement au regard de « la chaîne du livre qui existe en Afrique ». Là où le bât blesse, c’est au niveau des politiques culturelles, absentes des considérations des dirigeants particulièrement en Afrique subsaharienne, relève Ntsame, notant en comparaison l’avancée du Maroc.

« Les Etats doivent mettre en place des mécanismes pour valoriser l’industrie du livre »

« La littérature n’est pas suffisamment promue et soutenue en Afrique subsaharienne. A chaque fois que le Maroc organise le SIEL, il fait un clin d’oeil à l’Afrique subsaharienne. Ce clin d’oeil n’est pas seulement destiné à nous, acteurs du livre, mais surtout à nos dirigeants pour qu’ils mettent sur leur table la question des politiques nationales de la culture, pas seulement du livre et de la lecture, mais de toutes les expressions culturelles. Quand un ministre de la culture africain est invité au Maroc, il faut qu’il puisse discuter avec son homologue muni d’arguments culturels », poursuit l’éditrice gabonaise qui estime que la littérature africaine ne s’exporte pas suffisamment dans les autres continents.

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Et de détailler: « Le premier frein est d’englober la littérature africaine comme étant une seule littérature car lorsqu’un non-Africain rencontre une littérature africaine, il ne doit pas se dire qu’il a eu un aperçu de tous les auteurs africains. Deuxièmement, les Etats doivent mettre en place des mécanismes pour valoriser l’industrie du livre. C’est une grosse industrie qui commence par la formation pour terminer vers la promotion de la lecture. Si ces pays africains ne font pas de grands efforts dans ce sens, il est difficile que les livres soient normés, et pour l’exportation, il faut qu’ils respectent des normes internationales pour se retrouver sur le marché français, américain, etc. et qu’il ne soit pas identifié comme un livre qui viendrait du continent africain car il manquerait une norme. »

« Lorsque nous venons au salon du livre du Maroc, il s’agit aussi de regarder ce que les autres éditeurs et les autorités font pour qu’une fois retournés chacun dans nos pays, nous nous retournons vers nos Etats pour exprimer nos besoins de formation ou de telle autre activité pour valoriser le livre », conclut Sylvie Ntsame.

Pour rappel, 712 exposants participent à cette édition (273 directs et 439 indirects) qui se conclut ce dimanche, représentant 55 pays du monde arabe, de l’Afrique, de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie. Un large éventail de publications a été présenté, reflétant une diversité et une richesse qui, en chiffres, atteint 100.000 titres. Diverses activités ont été organisées pour la catégorie Enfance/Jeunesse, soit 79 animations (activités pédagogiques, ateliers artistiques et scientifiques) encadrées par 63 animateurs.

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