Mustapha Tossa: la crise d’El Guerguarat redessine les alliances au sein du monde arabe
Publié leL’intervention légitime du Maroc pour mettre fin aux provocations répétées du « polisario » et de ses milices, qui avaient entravé la circulation au passage d’El Guerguarat entre le Maroc et la Mauritanie, a suscité un vaste élan de solidarité arabe et un soutien absolu aux mesures adoptées par le Royaume en vue de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.
Dès que la tension est montée dans cette zone-tampon, de nombreux pays arabes ont montré une solidarité « infaillible » avec la position marocaine. « Cette clarification arabe était salvatrice. Le Maroc pouvait compter sur ses alliés arabes pour le soutenir dans sa longue marche vers son unité territoriale”, souligne Mustapha Tossa.
Ce soutien arabe était d’autant plus “spectaculaire qu’il réunissait pour la première fois des pays aux stratégies diplomatiques antagonistes”, relève le politologue marocain installé en France, dans une analyse publiée sur le site Atlasinfo, ajoutant que dans cette équation, le Royaume a “su intelligemment profiter d’une diplomatie royale qui avait œuvré depuis le début de la crise du Golfe à mener des médiations de bons offices et à tenter de sauver et de protéger cette région de ses démons et de ses déchirures”.
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Cette position avait “valu au Maroc incompréhensions et mauvaises humeurs”. Mais forte de son “immuable désir de réconcilier les frères fâchés, la diplomatie marocaine ne s’est jamais départie de son penchant réconciliateur. Elle a fini par gagner l’estime de certains et l’admiration de beaucoup”, relève le politologue.
Et lorsque les signes d’une crise régionale se sont manifestés aux portes du Maroc, « ces alliés arabes n’ont pas hésité à montrer leur solidarité, plongeant ainsi le voisin algérien dans une insondable hébétude au point que les cerveaux de sa diplomatie pensent couper les amarres avec les pays du Golfe et la Ligue arabe », affirme-t-il.
En réalité, remarque Mustapha Tossa, « la diplomatie algérienne s’est retrouvée dans une terrible solitude à faire tourner les moulins à vents d’une obsession anti-marocaine devenue au fil des décennies pathologique et handicapante pour l’ensemble de la région”. « Au lieu de se poser cette pertinente interrogation de savoir pour quelle raison elle se trouve isolée dans sa démarche, la diplomatie algérienne envisage ruptures et terres brûlées », fait-il observer.
Pour les pays de la région, arabes et méditerranéens, comme pour la communauté internationale, la diplomatie algérienne “semble s’enfermer dans une démarche autiste sans aucune perspective sauf une aventure suicidaire qui pourrait mettre la paix régionale en danger”, affirme Mustapha Tossa, soulignant que « sauf à revoir ses choix militaires et sa perception du voisinage, l’Algérie, verrouillée dans ses certitudes morbides, s’avère une source de tensions et de défis sécuritaires majeurs pour l’ensemble de la région”.
Et de conclure que la communauté internationale, condamnée à chercher une sortie de crise à un conflit devenu au fil des ans source d’angoisses, aura donc à affronter « un agenda algérien des plus pyromanes”.