Une œuvre figurant le Kamasutra dans une main de Fatma censurée au Maroc
Publié leLe Centre d’art moderne de Tétouan a retiré une création artistique représentant la silhouette d’une main, composée de 246 amulettes sur lesquelles des positions érotiques sont dessinées. L’artiste Khadija Tnana met directement en cause le ministère de la Culture marocain.
Contacté par nos confrères du Le 360, Bilal Chrif, le responsable de la gestion du musée de Tetouan, lui-même artiste, a affirmé qu’il n’est pas «contre la liberté d’expression». «Mais cette œuvre en particulier ne correspond pas à la ligne du centre. Nous avons près de 1600 visiteurs par mois, les habitants de Tétouan sont des gens conservateurs, cette œuvre allait nous créer des ennuis et nous ne cherchons pas la polémique», ajoute-t-il.
«Il est honteux de voir une telle démarche au XXIe siècle», s’insurge Khadija Tnana dans le Huffington Post Maroc. L’artiste se dit «consciente» que son «travail gêne». «Je m’y attendais plus ou moins, car on assiste à une régression de notre société, ajoute-t-elle, fataliste. La même œuvre, alors réalisée sur support céramique, avait déjà été présentée en 2014 lors de la deuxième Biennale de Casablanca. La programmation de Kamasutra s’était alors faite sans encombre… ou presque. La municipalité voulait l’interdire, mais les organisateurs avaient défendu l’œuvre.»
Khadija Tnana a déjà reçu des soutiens sur son compte Facebook. L’écrivaine algérienne Wassyla Tamzali, militante féministe, ancienne directrice des droits des femmes à l’Unesco, estime que l’œuvre de sa consœur a été décrochée parce qu’elle évoquait «la sexualité et l’amour».
Chère Wassyla nous avons le même combatLa situation de la femme maghrébine est la même, elle se grave de plus en plus…
Khadija Tnana paylaştı: 4 Mart 2018 Pazar
Selon Khadija Tnana, Kamasutra est une œuvre politique au sens noble du terme. «L’idée de mon installation est née d’un constat: dans nos pays, il existe encore une séparation entre les deux sexes, qui s’accompagne d’un discours que l’on transmet aux jeunes, et qui dit en substance que les hommes sont dangereux pour les femmes, et vice versa», explique-t-elle. «Nous avons besoin d’éducation sexuelle. Certes les discussions existent, la presse en parle et nous savons à quel point ce tabou qui persiste est un fléau. Aux responsables de sauver la situation. L’équilibre de notre société en dépend», ajoute l’artiste.