Robert Hirsch, le grand maître de la Comédie-Française, est mort

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Il aura consacré toute sa vie au théâtre et avait triomphé dans Avant de s’envoler, pièce de Florian Zeller, tutoyant sur les planches la vieillesse, la maladie et la mort. Il est décédé à 92 ans.

Ce fut le dernier grand acteur baroque de la Comédie-Française. Le nom de Robert Hirsch est indissociablement lié à la maison de Molière dont il fut l’enfant chéri. Mais avant de régner sur le plateau de la salle Richelieu, Robert Hirsch, né le 26 juillet 1925 à L’Isle-Adam, avait fait des études chaotiques, plus assidu aux séances du cinéma Appolo – que tenait son père – qu’aux cours. Il passe par l’Opéra de Paris, engagé comme quadrille, rentre au Conservatoire national d’art dramatique. Quand il en sort, en 1948, il est directement pris à la Comédie-Française.

Le comédien est de la race des phénomènes. Et il met son talent au service d’un répertoire gigantesque, de Scapin à Richard III, du Bouzin de Feydeau au Néron de Britannicus. L’homme se montre à l’aise dans la clownerie comme dans le tragique. Sa formation de danseur sert son jeu. C’est dans sa façon d’aller trop loin tout en étant humain, comme Charlot, qu’il a marqué son temps. C’est l’époque, où sous la direction de Jacques Charon, il fait la pluie et le beau temps à la Comédie-Française.

Cet acteur de premier plan frappe l’imagination de Jean Vilar. Il va l’inviter au TNP (théâtre national populaire) pour jouer La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Brecht en 1969. S’il est fatigué du rythme de la Comédie-Française, il restera encore quelques années, jouant George Dandin, Becket d’Anouilh, Le Bourgeois gentilhomme. Il quitte l’institution en 1973. Après vingt-cinq ans passés dans cette maison qu’il a marquée et qui l’a également influencé, il reprend sa liberté.

À l’extérieur de la Maison, les performances sont moins probantes. Nommé sociétaire honoraire, il est invité à interpréter Le Molière imaginaire, sous la direction de Maurice Béjart en 1976. «Mon plus beau souvenir de théâtre, confiait-il au Figaro. Moi qui avais été engagé comme quadrille à l’Opéra, j’ai pu, grâce à Béjart, renouer avec la danse. Certains rêves se réalisent sur le tard et sont d’autant plus beaux.» Dans son amour de la danse, il a puisé son art de jouer. Il trouve d’instinct le trait, et de tout son corps il le prolonge.

Secoué par une première alerte en 1993 sur la scène d’Edouard-VII dans Une folie de Guitry, il retrouve la forme et la joie de jouer avec En attendant Godot de Beckett qu’il interprète aux côtés de Pierre Arditi, Marcel Maréchal et Jean-Michel Dupuis. En 2012, il crée Le Père de Florian Zeller, qu’il jouera trois années durant sous la direction de Ladislas Chollat. Et c’est encore sur la scène du théâtre de L’Œuvre dans la nouvelle création de l’auteur Florian Zeller, Avant de s’envoler.

La profession l’admirait et il reçut des mains de Renaud Donnedieu de Vabres les insignes de commandeur dans l’ordre des Arts et Lettres en 2006 devant un parterre de stars. Belmondo, Delon, Jeanne Moreau, Michel Bouquet, Jean Piat, ils étaient tous là saluant le roi des Arlequins.

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