Présidentielle au Chili: la gauche revigorée

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Le second tour de l’élection présidentielle voit s’affronter Sebastian Pinera, de la coalition de droite Chile Vamos et Alejandro Guillier, du parti socialiste. Un duel beaucoup plus serré que ne l’anticipaient les enquêtes d’opinion.

Les Chiliens votent ce dimanche pour élire leur président de la république. Quel que soit le résultat, le grand triomphe de la droite annoncé depuis des mois n’aura pas lieu. Alors que les sondages accordaient à Sebastian Pinera, le candidat de Chile Vamos, 46% des voix à la veille du premier tour qui s’est déroulé le 19 novembre, il n’en a obtenu que 36,6%. Sa victoire au second tour est loin d’être acquise, les candidats de gauche ayant, pour la première fois dans le pays depuis le retour de la démocratie, obtenu 49,5% des voix, une surprise.

Le candidat de gauche de la Nueva majoria, Alejandro Guillier, a réuni au premier tour 22% des voix. La grande surprise fut le score de la candidate de la gauche radicale, Beatriz Sanchez, avec 20%. Son parti, Frente Amplio, regroupe une quinzaine de formations politiques et ses principaux représentants sont les leaders des protestations étudiantes de 2011: Gabriel Boric et Giorgio Jackson. Ce dernier a annoncé qu’il votera Guillier «pour empêcher que le Chili soit dirigé par Pinera et Jose Antonio Kast». Ce dernier a obtenu 7,9% des voix le 19 novembre. Il s’affiche comme un nostalgique de Pinochet et a appelé à voter Pinera.

Pour Pinera, qui a déjà occupé le palais présidentiel de La Moneda de 2010 à 2014, l’objectif de l’entre-deux tour était de recentrer son image. Il a ainsi promis la gratuité de la pré-scolarité et évoqué celle des études supérieures, un sujet tabou jusque-là pour la droite et qui avait provoqué les grandes manifestations de 2011. Le Chili est le pays où les études supérieures sont les plus coûteuses du continent. Les universités privées affichent des profits mirobolants et les étudiants sont contraints de s’endetter pour de nombreuses années.

Pour la politologue Viviana Giacama, c’est le candidat qui parviendra à générer le plus fort «consensus négatif» contre son adversaire qui gagnera, écrit-elle dans le quotidien espagnol El Pais. Fort de ses 20% du premier tour, Beatriz Sanchez a appelé à voter Alejandro Guillier, tout comme Gabriel Boric. L’ancien président uruguayen, le très populaire Pepe Mujica, est venu apporter son soutien au candidat de Nueva allianza.

Alejandro Guillier s’est plusieurs fois affiché avec Michelle Bachelet, la présidente sortante, dont la popularité a rebondi ces dernières semaines. Pour le politologue Mauricio Morales, «ce second tour est le plus incertain depuis le retour de la démocratie».

Pour attirer le vote de gauche, Alejandro Guillier a annoncé l’effacement de 40% de la dette des étudiants qui ont contracté des emprunts pour suivre des études et la réforme du système des retraites, l’un des héritages majeurs de la dictature de Pinochet.

Les législatives, qui se déroulaient également le 19 novembre n’ont pas permis de dégager une majorité claire et le nouveau président devra, en tout cas, sceller des alliances pour gouverner. La clé du scrutin se trouve probablement dans le niveau d’abstention qui a été de plus de 53% au premier tour. Une forte abstention devrait favoriser Sebastian Pinera.

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