Chute de la livre turque, une aubaine pour les importateurs marocains?

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La chute de la livre turque engendrée par la crise diplomatique entre la Turquie et les Etats-Unis aura certainement des répercussions sur des économies émergentes. Les relations économiques entre la Turquie et le Maroc qui se sont développées ces dernières années devraient également en pâtir.
La devise turque a chuté à ses plus bas historiques durant la semaine écoulée atteignant pour la première fois la barre de 6 livres pour un dollar après avoir perdu près de 20% de sa valeur.
La chute s’accentuait suite à l’annonce du président américain Donald Trump d’augmenter fortement les taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs. La livre turque s’est ainsi enfoncée de 19% face au dollar, s’échangeant à 6,6115 livres contre un dollar.
Le président américain a ainsi agi en représailles contre la Turquie sur fond de crise diplomatique enclenchée suite à la détention par Ankara d’un pasteur américain.
Impact sur les relations économiques Maroc-Turquie
Si l’impact de la chute de la livre turque s’est ressenti sur les marchés financiers européens, et ailleurs, en Inde, Japon, Hong-Kong… les observateurs redoutent des répercussions sur les rapports économiques entre la Turquie et certains pays émergeants, dont le Maroc avec lequel Ankara tisse des relations économiques assez significatives depuis les dix dernières années, notamment au niveau des échanges commerciaux, des investissements d’entreprises turques au Maroc et des marchés publics et ce en dépit d’un accord de libre-échange pas si avantageux pour le Maroc.
Pour l’économiste Mehdi el Fakir, «il est clair que l’effondrement de la livre turque va impacter les importations. Ce sera ainsi une aubaine pour les importateurs marocains qui pourront importer plus de produits turcs avec moins de dollars. Cela va aussi diluer l’impact des droits de douanes imposés, depuis l’année dernière, sur certains produits de textile turcs. Enfin, tout dépendra de la réaction des opérateurs économiques marocains».
Quant aux exportations marocaines vers la Turquie, celles-ci deviendront plus chers. Néanmoins, «les Turques vont importer plus par exemple pour appuyer leur agriculture en vue d’importer moins des Européens et des Américains. Pour développer l’agriculture, la Turquie préférera d’importer les intrants et pas les produits finis», analyse el Fakir.
In fine, l’effondrement de la livre turque sera bénéfique pour les importateurs marocains certes, «mais il faudra être vigilant pour ne pas créer une situation de dumping qui impacterait les industriels marocains. Déjà sur le plan structurel, l’accord d’Agadir n’a jamais été bénéfique pour le Maroc. D’ailleurs, on demande à le revoir étant largement favorable aux Turcs, avec un impact négatif qui se fait déjà ressentir sur le textile», explique notre économiste.

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