Il y a 50 ans, le «Black Woodstock» se refermait dans une injuste indifférence

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Le magazine Rolling Stone consacre un long article au Harlem Cultural Festival, manifestation musicale oubliée qui avait attiré les grands noms de la culture afro-américaine à New York entre 1967 et 1969. Parmi eux, Stevie Wonder, Nina Simone ou encore B.B. King.

«Se souvient-on encore du ”Black Woodstock“?», s’interroge le magazine américain Rolling Stone. À voir le peu d’articles de presse consacrés au cinquantenaire du Harlem Cultural Festival, l’histoire semble avoir éclipsé la manifestation musicale dédiée à la culture afro-américaine au profit de son concurrent hippie. Dans un long article publié dans le magazine spécialisé, le journaliste Jonathan Bernstein revient sur l’histoire de cet événement incontournable. Et, pourtant, quasiment oublié.

 

 

Alors que Woodstock attira un demi-million de spectateurs le 18 août 1969 sur les terres du fermier Max Yasgur, le «Black Woodstock» a rassemblé près de 300.000 fans de rhythm and blues dans le Mount Morris Park d’Harlem tout au long de l’été. Un public venu en masse applaudir des artistes iconiques de la culture afro-américaine: Nina Simone, Stevie Wonder, Sly and the Family Stone ou encore B. B. King.

À l’instar de son jumeau hippie, le Harlem Cultural a été immortalisé en images grâce à la caméra du réalisateur Hal Tulchin. Ce vétéran de la télévision, décédé en 2017, a cumulé quelque 40 heures de rush, encore jamais montrées. Difficile de sensibiliser le public blanc américain à la cause noire à une époque où ces derniers doivent se battre pour revendiquer leurs droits. «La presse blanche s’intéresse à la communauté afro-américaine uniquement en cas d’émeute ou de troubles publics», écrivait le journaliste Raymond Robinson dans les pages du New York Amsterdam News dans les mois ayant suivi l’événement.

Pourtant, le Harlem Cultural, créé en 1967, est devenu durant trois étés l’événement incontournable de la culture noire à New York, attirant musiciens et leaders des droits civiques comme Marcus Garvey Jr. ou le pasteur Jesse Jackson. «Le festival a été un moyen d’apaiser la douleur que nous ressentions après l’assassinat de Martin Luther King, se souvient ce dernier. Les artistes ont essayé d’exprimer les tensions de cette époque, une douleur aiguë et une joie intense».

Annoncé pour l’année 1970, le festival fut annulé suite à une histoire de financement frauduleux impliquant la mafia. Cinquante ans après la troisième et ultime édition, la ville de New York se penche sur l’histoire de la manifestation, organisant une série d’événements à Harlem (concerts, conférences…). L’année prochaine, un documentaire contenant des images inédites tournées par Tulchin devrait voir le jour. Une manière de ne pas oublier le «Black Woodstock».

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Il y a 50 ans, le «Black Woodstock» se refermait dans une injuste indifférence

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