Tariq Ramadan admet avoir eu cinq relations extraconjugales «consenties»

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Depuis l’audition de Tariq Ramadan, mardi, l’avocat de la défense et deux des conseils des trois femmes qui ont porté plainte contre l’islamologue pour viol, s’écharpent sur sa non mise en examen. Ramadan qui a longtemps mis en garde les musulmans contre les rapports sexuels hors mariage aurait également évoqué son succès auprès des femmes et reconnu avoir eu cinq relations hors mariage.

La querelle a débuté mercredi, au lendemain de la première audition par les juges d’instruction de Tariq Ramadan, déjà doublement mis en examen pour viols. Ce sont les propos tenus par son avocat, Me Emmanuel Marsigny, qui ont agacé les conseils de la partie adverse.

A l’issue de l’interrogatoire qui s’est terminé vers 21 heures, mardi, celui-ci s’est empressé d’expliquer, face aux caméras de télévision, que les juges avaient exclu une troisième mise en examen en raison «des explications» et «des documents» que son client avait fournis aux magistrats pour contrer les accusations de la troisième plaignante, Mounia R. «C’est un tournant dans cette affaire puisque, comme Monsieur Ramadan le dit depuis le début, s’il a eu des relations, même de nature sexuelle, elles ont toujours été parfaitement libres et consenties», a-t-il affirmé avec aplomb.

Rapidement, ces déclarations ont fait bondir les avocats des parties adverses qui ont tenu à tempérer ces propos. «Les juges n’ont pas statué à l’issue des explications de Monsieur Ramadan, c’est une manipulation de l’opinion», a plaidé dès le lendemain Me Francis Szpiner, l’avocat de Mounia R. et de la première plaignante Henda Ayari.
«Les juges n’ont pas encore pris position», a renchéri de son côté Me Eric Morain, avocat de la deuxième plaignante, surnommée «Christelle» dans la presse. «Si les juges avaient considéré qu’il existait des indices graves ou concordants, ils n’auraient pas eu d’autre choix que de le mettre en examen, ce qu’ils n’ont pas fait en décidant de l’entendre sous le statut de témoin assisté», leur a répliqué Me Marsigny.

Ramadan pas encore interrogé sur la troisième plainte

Alors oui ou non, Tariq Ramadan a-t-il échappé à une troisième mise en examen? Dans les faits, oui puisqu’il est ressorti de l’interrogatoire sans être mis en examen mais en réalité, c’est un peu plus compliqué. Selon nos informations, l’intéressé a longuement été interrogé sur les deux premières plaintes, à savoir celles déposées par Henda Ayari et «Christelle», pour lesquelles il a déjà été mis en examen. Mais pas sur la troisième plainte qui concernait Mounia R.
Vers la fin de son audition, qui a duré plusieurs heures, les juges lui ont seulement indiqué qu’il pouvait faire une déclaration à ce sujet, sous le statut de témoin assisté – ce qu’il a fait – mais qu’il serait interrogé sur les faits plus tard. Toujours selon nos informations, les juges veulent attendre que les investigations menées sur ce volet soient terminées pour pouvoir lui poser des questions. Sa prochaine audition doit avoir lieu en juillet prochain. A cette occasion, ils pourront choisir de le mettre en examen ou non concernant les faits dénoncés par Mounia R.
Cette ancienne escort girl de 45 ans, qui avait déposé plainte pour «viols», en mars dernier, avait décrit des rapports sexuels d’une extrême violence et disait avoir été agressée à plusieurs reprises lors d’une dizaine de rendez-vous entre février 2013 et juin 2014. Pour appuyer ses accusations, elle avait versé au dossier une robe noire prétendument tachée du sperme de l’islamologue, ainsi que des échanges à connotation sexuelle. Des éléments qui ont poussé l’islamologue à reconnaître des relations extraconjugales avec Mounia R. Jusqu’ici, Tariq Ramadan avait nié tout viol et même tout acte sexuel avec les deux premières plaignantes, mais face aux éléments avancés par la troisième, le théologien suisse a admis des relations hors mariage.

Cinq relations consenties

«D’abord, il faut restituer les choses. Au moment de la garde à vue, on parlait de deux cas [plaintes]. Donc maintenant, oui, il m’est arrivé d’avoir des relations extraconjugales. Il y a deux types de choses dans ma vie, c’était énormément de relations virtuelles et des relations extraconjugales avérées», aurait-il dit aux juges, selon des déclarations rapportées par Le Parisien. L’islamologue de 55 ans aurait détaillé cinq relations «consenties», dont une avec Mounia R. Lundi, son avocat a déposé «plus de 300 vidéos et plus de 1.000 photos» pour convaincre les juges qu’il s’agissait d’une relation consentie avec la troisième plaignante.

Celui qui a longtemps mis en garde les musulmans contre les rapports sexuels hors mariage aurait également évoqué son succès auprès des femmes. «Je n’étais pas seulement sollicité comme un intellectuel mais comme un homme. […] Je vais vous dire un truc: en 2005, j’ai été élu parmi les sept hommes les plus sexy du monde par un journal suisse, Le Matin», se serait-il défendu. Tariq Ramadan a été écroué le 2 février dernier. Il est actuellement détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, dans la banlieue parisienne, en raison de sa sclérose en plaque.

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