Vidéo. Comment les Maldives ont basculé dans le chaos
Publié leLe président Abdulla Yameen a décrété lundi l’état d’urgence et fait arrêter, ce mardi, deux juges de la Cour suprême et un ancien président.
L’instauration de l’état d’urgence renforce les pouvoirs déjà étendus des forces de sécurité pour arrêter et maintenir en détention des suspects. Dans la nuit de lundi à mardi, l’ex-autocrate Maumoon Abdul Gayoom, demi-frère du président actuel, qui est récemment passé dans l’opposition, était interpellé à son domicile. «Je n’ai rien fait pour être arrêté», plaidait un peu plus tôt l’octogénaire dans un message vidéo posté sur Twitter. Puis, au petit matin, des forces lourdement armées et des unités spéciales de la police investissaient le bâtiment de la Cour suprême pour y arrêter son président, Abdulla Saeed, et un autre juge de haut rang, Ali Hameed. De son côté, le Parlement, où l’opposition détient désormais sur le papier la majorité, est suspendu depuis samedi.
À l’origine de cette crise: une décision choc de la Cour suprême. Celle-ci a cassé, jeudi dernier, les condamnations pour terrorisme de neuf éminents opposants prononcées en 2015. Parmi eux, Mohamed Nasheed, le premier président démocratiquement élu du pays. C’est cet arrêt qu’a réfusé d’exécuter le gouvernement avant de décréter l’état d’urgence. Le président Abdulla Yameen a insisté, ce mardi, à la télévision, une «conspiration» des juges destinée à le renverser. Ce mardi, la Cour suprême, réduite à trois juges, a finalement annoncé sa décision de revenir sur son arrêt ordonnant la libération des neuf opposants, «à la lumière des inquiétudes exprimées par le président».
Depuis son exil au Sri Lanka, l’ancien président Nasheed a dénoncé, ce mardi, la situation dans le pays: «Le président Yameen a illégalement déclaré la loi martiale et s’est emparé de l’État. Nous devons l’évincer du pouvoir.» Il a aussi fait appel au voisin indien qui avait envoyé des troupes dans le pays en 1988 pour empêcher un coup d’État.
Connu pour son engagement contre le réchauffement climatique, Mohamed Nasheed avait été acculé à la démission en 2012 par une mutinerie de la police, puis battu aux élections l’année suivante. En 2015, il avait été condamné à 13 ans de prison pour «terrorisme». Un jugement politiquement motivé, selon les Nations unies. Aujourd’hui, Mohamed Nasheed ne cache ses prétentions en vue de la présidentielle prévue cette année.