Washington présente à Varsovie sa vision du Moyen-Orient mais peine à convaincre

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Mike Pompeo, secrétaire d'Etat américain, a annoncé cette conférence internationale début janvier. DR

Les Etats-Unis et la Pologne convoquent mercredi et jeudi à Varsovie une conférence internationale destinée à « promouvoir un avenir de paix et de sécurité au Moyen-Orient », mais la vision américaine d’une pression maximale sur l’Iran et d’un ferme soutien à Israël peine à convaincre.

En annonçant début janvier cette conférence, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo se targuait de la présence de « dizaines de pays du monde entier » réunis pour plancher sur « l’influence déstabilisatrice » de l’Iran au Moyen-Orient.

Las, l’initiative n’a pas déchaîné l’enthousiasme, conduisant Washington et Varsovie à élargir l’agenda aux questions plus générales de la stabilité au Moyen-Orient.

Si la réunion se tient dans l’UE, les puissances européennes y envoient des représentants de rang inférieur, à l’exception du ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt, qui a déclaré souhaiter aborder la crise humanitaire déclenchée par l’offensive de l’Arabie saoudite au Yémen.

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La conférence sera animée par Mike Pompeo et le vice-président américain Mike Pence devrait s’adresser aux délégués.

La représentante de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, a pour sa part indiqué qu’elle avait déjà des engagements. Elle aura dans les jours qui suivent un petit déjeuner de travail avec Pompeo à Bruxelles.

Même la Pologne, pays hôte avide de relations toujours plus étroites avec les États-Unis face à la Russie, a souligné qu’elle continuait de soutenir, comme les autres Européens, l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 prévoyant d’alléger les sanctions contre l’Iran contre le gel de son programme nucléaire.

Le président Donald Trump s’est retiré de ce « terrible » accord l’an passé et a réimposé de lourdes sanctions visant à étouffer l’économie iranienne et réduire son influence régionale.

– Le projet de Jared Kushner –
Les partisans d’une ligne dure contre Téhéran seront présents à Varsovie, notamment les alliés arabes du Golfe et Israël, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu fera le déplacement.

Selon Netanyahu, l’Iran reste le principal sujet de la conférence: « comment continuer à l’empêcher de s’enraciner en Syrie, comment contrecarrer son agressivité dans la région et, surtout, comment empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ».

A Varsovie, les États-Unis doivent également évoquer des propositions de paix entre Israël et les Palestiniens, un « accord du siècle » selon eux, préparé par Jared Kushner. Le conseiller et gendre de Donald Trump doit s’exprimer jeudi lors de cette conférence, à l’occasion d’une rare apparition publique.

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Le mari d’Ivanka Trump, dont la famille est proche de Netanyahu, ne devrait cependant dévoiler l’ensemble de son projet qu’après les élections législatives du 9 avril en Israël.

Mais sur ce dossier aussi, le cavalier seul américain irrite. L’Autorité palestinienne, ulcérée par la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël, a qualifié la conférence de Varsovie de « conspiration américaine » et refuse des pourparlers avec Washington tant que les États-Unis n’auront pas adopté une politique plus équilibrée.

– L’Iran pas invité, Moscou snobe –
L’Iran n’a pas été invité à Varsovie et a manifesté son courroux en convoquant le chargé d’affaires polonais à Téhéran. La Russie a refusé de participer à la conférence.

Le président iranien Hassan Rouhani sera mercredi à Moscou. Il retrouvera les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan pour évoquer la situation en Syrie, d’où Washington a annoncé le retrait prochain de ses troupes.

Selon le ministre polonais des Affaires étrangères, Jacek Czaputowicz, la conférence de Varsovie vise à « initier un processus » pour stabiliser le Moyen-Orient. Des réunions de suivi sont prévues, selon un responsable américain.

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Les Etats-Unis semblent déterminés à utiliser Varsovie pour étendre leur action au-delà de sa coalition anti-iranienne appuyée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, estime Ali Vaez, directeur du projet iranien au sein du groupe de réflexion International Crisis Group.

« Je doute que Washington réussisse à atteindre cet objectif car, même si nombre d’Européens partagent les préoccupations américaines concernant les activités régionales de l’Iran et son programme de missiles balistiques, ils ne souscrivent pas à la vision unilatérale et maximaliste de Washington selon laquelle l’Iran est la source de tout mal dans la région », juge-t-il.

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