Vidéo. Une « psycoach » incite au meurtre des homosexuels sur un plateau TV
Publié leA la suite du scandale du travesti de Marrakech début janvier, l’émission « Mintaka Mahdoura » (Zone interdite) présentée par Salwa Maftouh et diffusée sur la chaîne satellitaire Télé Maroc a souhaité aborder le thème de la trans-identité. L’épisode datant du mardi 29 janvier a été le théâtre de propos insultants et haineux de la part de Fatiha Melloul, conseillère psychologique et pédagogique à Témara, envers les deux invités transgenres.
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L’idée était d’apporter un éclaircissement sur « la distinction entre homosexuels et transgenres », explique la présentatrice au HuffPost Maroc, « nous voulions expliquer la trans-identité ».
Un éclaircissement qui s’est plutôt apparenté à une prise à partie d’Ayoub et Ayman, les deux jeunes transgenres invités à témoigner sur le sujet et âgés respectivement de 21 et 19 ans. Pour en discuter avec eux, deux « experts » en sexologie dont Fatiha Melloul qui n’a pas hésité à manifester son mépris envers les deux invités.
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« Vous n’arrêtez pas de parler, c’est la preuve que vous êtes bien des femmes », a tancé la « psycoach », dénigrant par la même occasion les mères de ses jeunes et leur méthode d’éducation. Mais ce qui vient ensuite à davantage choqué la toile. Melloul cite un hadith dont elle n’est même pas sûre l’authenticité et qui incite à tuer les homosexuels (voir vidéo ci-dessus).
Salwa Maftouh s’est alors empressée de rappeler à la psycoach qu’elle manifestait un « appel au meurtre ». La présentatrice ne s’attendait pas à de tels propos. « Nous l’avons invitée pour qu’elle livre ses conseils aux familles pour mieux comprendre leurs enfants, et savoir comment se comporter face à cette situation. Malheureusement, ses propos étaient un peu extrêmes”, avoue-t-elle à nos confrères du HuffPost Maroc.
Elle a également souligné que l’autre intervenant, Dr Abderrazak Moussaid, « médecin et sexologue reconnu qui maîtrise parfaitement le sujet, avait simplement du mal à exprimer ses idées ».
De leur côté, les deux jeunes invités s’attendaient à davantage de compréhension et de professionnalisme de la part des intervenants. « Lorsque j’ai été contacté, on m’a expliqué que j’étais invité pour parler de la situation des transgenres au Maroc, en présence d’un sexologue et d’une conseillère en éducation et en sexualité. J’ai tout de suite accepté l’invitation. Dès notre arrivée sur le plateau, le malaise a commencé. La ‘psycoach’ nous dévisageait, nous regardait avec étonnement en nous demandant pourquoi nous nous comportions de cette manière, avant que l’équipe du tournage ne l’arrête », raconte Ayoub à nos confrères, précisant que « les ‘experts’ ne maîtrisaient pas le sujet ».
« Pourtant, j’ai raconté mon vécu depuis l’enfance, pour expliquer que je me suis toujours senti comme une fille dans un corps de garçon… J’ai raconté ma détresse à une époque où j’avais du mal à m’accepter, mes efforts pour être comme les autres garçons, j’ai fait de l’exorcisme parce qu’on m’a dit que j’étais possédé, j’ai vu des psys, j’ai même songé au suicide… Mais rien ne change. Je n’ai pas choisi cette situation. Personne ne veut vivre cela: être frappé, rejeté, incompris », s’attriste Ayoub, qui a choisi de témoigner à visage découvert pour encourager les personnes dans le même cas.
La vidéo de l’émission, cumulant plus de 150 000 vues sur les réseaux sociaux, a finalement été supprimée par Télé Maroc.