Vidéo. Un reportage marocain reçoit le prix Samir Kassir pour la liberté de la presse

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Capture d'écran. Crédits: Jawjab

Pour sa 14e édition, le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse a récompensé un reportage réalisé par la web TV Jawjab, mettant en lumière le portrait d’une femme chauffeuse de bus à Casablanca.

Framed : Bouchra- Imra2a

Ana bhal haka, ana rajel yalah! ?#Framed #8mars

Publiée par Jawjab sur Vendredi 8 mars 2019

Le 30 mai dernier, dans les jardins du palais Sursock à Beyrouth, Youssef Ziraoui, directeur général et producteur de Jawjab, a remporté le prestigieux prix dans la catégorie meilleur reportage audiovisuel d’information pour « Bouchra: une femme », un reportage co-produit par Younes Lazrak, lui-même présent à la remise des prix.

Financé par l’Union européenne, le prix Samir Kassir (en hommage au journaliste libanais Samir Kassir assassiné le 2 juin 2005 à Beyrouth) divisé en trois catégories (article d’opinion, article d’investigation et reportage audiovisuel d’information) récompense « les journalistes qui se sont distingués par la qualité de leur travail et par leur engagement en faveur des droits de l’homme et de la démocratie », lit-on sur le site officiel.

D’une durée d’un peu plus de trois minutes, ce reportage a été réalisé par une équipe de journalistes composée de Cyril Castelliti, Meryem Ait Aghnia, Mahdi Yadaoui, Saddik Lazrak et Abdeslam Diraoui. Il s’inscrit dans une série de vidéos intitulée « Frame[d] » dont le but est de mettre en perspective le jugement social au Maroc.

 

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Contacté par H24Info, Cyril Castelliti, raconte le contexte de l’épisode, tourné à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. « On voulait prendre le contre-pied de la femme fragile à qui l’on offre une rose ce jour-là », explique le journaliste, regrettant la banalisation du 8 mars en « journée de la femme ».

C’est en écho à cette banalisation que s’exprime d’entrée de jeu la protagoniste du reportage: « La journée internationale des droits de la femme? Déjà, la femme n’a aucun droit. C’est juste une date, une formalité. Mais pour les droits, il n’y en a pas… » soupire-t-elle au volant de son bus casablancais.

Pourtant, cette femme déterminée n’a pas laissé la société lui prendre son droit d’exercer tel ou tel métier, quand bien même il compterait davantage d’hommes dans ses rangs. A elle toute seule, Bouchra brouille les codes. « C’est une femme qui est allée là où on ne l’attend pas en tant que femme », ajoute Cyril Castelliti qui ne cache pas son admiration face au parcours de Bouchra.

 

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Elle-même avoue dans la vidéo que ça peut être difficile en tant que femme de conduire un bus à Casablanca. « Certains passagers sont sous le choc quand ils me voient », témoigne-t-elle, en précisant qu’elle « force le respect par son attitude ». « Une femme reste une femme, le travail reste le travail, il faut faire la part des choses », conclue la conductrice également passionnée de football et qui fait rouler le ballon rond aussi bien que son bus.

« On s’est dit que le portrait d’une chauffeuse de bus était le plus pertinent pour inviter les gens à réfléchir à l’occasion de cette journée de la femme » poursuit Castelliti. « La chauffeuse de bus observe toute la journée la société, c’est un témoin de la société de premier rang ».

« On a parlé de féminisme avec une  femme d’une génération relativement avancée, c’est important d’avoir son regard. Je suis content que ce documentaire soit primé, d’abord pour Bouchra, pour ce qu’elle représente, et aussi pour mon équipe. J’espère qu’au-delà du message un peu fun qu’il véhicule, ce reportage fera sérieusement réfléchir à la question de la femme dans l’espace public » conclue le membre de la réalisation.

 

 

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